Avignon 2019 – Episode 6
Serge Valletti, invité du théâtre des Halles, propose trois monologues percutants ; la mise en scène est pertinente, les acteurs convaincants, le choc entre des gens simples ou les petites histoires racontent notre propre histoire…
Mary’s à minuit
11h au Théâtre des Halles – Mise en scène Catherine Marnas
Mary’s nous accueille sous le chapiteau du Valletti Circus avec un petit sourire malicieux qui en dit long sur sa vie. Mary’s caresse l’espoir fou d’être aimée un jour par Jean-Louis MAC LAREN, fou de voiture. Le texte de Valletti est fantasque mais vrai, absurde juste ce qu’il faut et terriblement juste. Passant de l’humour à l’implacable réalité des espoirs perdus par ces « invisibles », ces gens simples mais bons comme « les galets que l’on met dans ses poches (pas dans les chaussures) pour se souvenir ».
Être aimée, c’est tout ce que cherche Mary’s, qui passe « de droite à gauche » dans sa tête mais lorsque le masque tombe nous passons « à l’ouest », bouleversés par la pureté des sentiments exprimés par une Martine Thinières formidable dans le rôle de Mary’s.
Merci Serge pour ton « circus » très recommandé !
Jean-Louis Rossi
Pour Bobby
14h au Théatre des halles – Mise en scène Alain Timár
Pour Bobby procède d’une valse théâtrale en trois temps qui allie burlesque, ironie et recherche de soi.
Une performance de l’actrice Charlotte Adrien avec une mise en scène très enlevée d’Alain Timar qui pose avec poésie et acuité la place ou le manque de place des gens de peu.
Puis soudain tout bascule avec le personnage de Robert Cohen dit « Bobby » qui nous fait pénétrer dans les affres de l’histoire d’hier et d’aujourd’hui, où le désir d’enfant croise la perte d’un enfant le tout avec un belle dose de résilience.
Alain Blum
À plein gaz
16h au Théâtre des Halles – Mise en scène Alain Timár
Par effraction, c’est ainsi que commence la pièce de Serge Valletti. C’est fini !
Nous sommes dans un théâtre sous la menace d’une bouteille de gaz pour écouter le parcours de cet homme assez inquiétant et cynique mais attachant.
Entrez dans ma vie, vous allez voir comment on travaille en trois-huit, comment on fait pour élever un enfant (peut-être pas de lui), pour aller une fois par semaine au restaurant quand on est ouvrier.
C’est la rage des paumés mais lucides, terriblement lucides, que nous envoie Serge Valletti à la figure, comme pour nous dire « ne m’oubliez pas, moi aussi je compte un peu dans un monde, et je le dis par ce que j’ai fait du théâtre en prison et je sais comment ça marche le théâtre. »
Chapeau Nicolas Geny, comédien merveilleux, nous reviendrons dans le cirque de la comédie burlesque de Valletti.
Jean-Louis Rossi