Nos universités d’automne se tiendront du 11 au 13 octobre prochain au Pasino du Havre. Du vendredi soir au dimanche matin, débats, ateliers et spectacle ponctueront ce moment central dans la vie de la LICRA et dans l’affermissement de nos valeurs. Elles auront pour thème « Au secours, la race revient ! ».
On avait cru que l’idéologie raciste avait sombré dans les décombres de la Seconde guerre mondiale et de la fin du colonialisme. Cette réalité a été démentie et depuis de nombreuses années et on assiste aujourd’hui à un retour inédit de la « race » dans le débat public et même dans le langage courant : « Ta race ! », ou « J’ai flippé ma race », « Si t’as pas de race, t’as pas de face » sont autant d’expressions qui ont la cote auprès de la jeunesse et sur les réseaux sociaux où le mot fait presque office ce ponctuation.
L’extrême-droite, dès la fin des années 70 s’est attelée à une réhabilitation de la « race », à l’université notamment, via les prétendus travaux sur les indos-européens du GRECE applaudis par le FN et la Nouvelle Droite. Ce discours a posé les jalons d’un discours identitaire actuellement en plein essor autour de thèmes tels que le l’opposition à l’immigration extra-européenne, l’ethno-différentialisme ou encore l’idée de faire de l’Europe une forteresse ethnique, marquée un suprémacisme blanc et chrétien.
Une partie de l’extrême-gauche a quant à elle, par un prétendu décolonialisme, réhabilité un langage et des pratiques néo-coloniales, imposant dans le débat public le mot « racisé » comme une catégorie acceptable pour assigner des appartenances et techniciser les rapports sociaux. On a vu fleurir dans nos universités des débats « racisés ». On a vu surgir des festivals « racisés ». On a vu l’organisation de « camps décoloniaux » eux-aussi réservés aux « racisés ».
L’islam fondamentaliste enfin n’est pas en reste et charrie avec lui un racisme antisémite assumé et une idéologie identitaire. Il vise aussi à imposer une lecture hyper-religieuse du monde par une double recherche de stigmatisation. D’une part, il s’agit d’organiser, pour les islamistes, la confrontation entre musulmans et non-musulmans et de créer un sentiment d’hostilité générale à l’égard des musulmans via le terrorisme et l’espérance que les amalgames conduiront à l’affrontement. Pour résumer, le racisme contre les musulmans est le meilleur allié des islamistes. D’autre part, il s’agit pour les fondamentalistes de jeter un anathème raciste sur les musulmans ou supposés tels qui s’opposeraient à leurs desseins en les désignant à la vindicte comme des “Collabeur”, « bougnoule » ou “arabe de service ». Les processus de radicalisation montrent enfin comment l’islamisme, telle une dérive sectaire, organise autour de lui le séparatisme, le racisme contre les « Blancs » et les « Juifs ».
Dans ce contexte, quelles réponses les universalistes peuvent-ils apporter à cette offensive conjointe du retour de la « race » ? C’est le sens qui sera donné à nos prochaines universités d’automne.
Mario Stasi,
Président de la LICRA
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Le programme
Programme non définitif
Vendredi
18h00 : Ouverture des Universités d’Automne par Mario Stasi, Président de la LICRA et Dominique Youb, Présidente de la LICRA Le Havre.
18h30 à 21h00 :Projection autour du film documentaire « Je ne suis pas votre nègre » de Raoul Peck, inspiré des écrits de James Baldwin
En juin 1979, l’auteur noir américain James Baldwin écrit à son agent littéraire pour lui raconter le livre qu’il prépare : le récit des vies et des assassinats de ses amis Martin Luther King Jr., Medgar Evers et Malcolm X. En l’espace de cinq années, leur mort a traumatisé une génération. Un éblouissant réquisitoire sur la question raciale.
Suivie d’un débat avec Tania de Montaigne (journaliste et écrivaine) et Cindy Léoni (Secrétaire générale de la DILCRAH, ancienne Président de SOS Racisme).
Samedi
9h00 à 13h00 : Ateliers thématiques de formation pour les militants
De 9h à 11h
Citizen Cloud (campus numérique), un enjeu pour l’éducation
Parler Licra
Prévention de la radicalisation
Antisémitisme et antisionisme : mémoire et concurrence des mémoires
Accueil des victimes
De 11h à 13h
Lutte contre les discriminations
Lutte contre la haine en ligne
Mailler le territoire et développer les sections
Former les forces de l’ordre
Mise en place d’un partenariat sportif
14h00 à 14h30 : Signature officielle de la Convention pluriannuelle d’objectifs avec la DILCRAH
Allocution de Frédéric Potier, Préfet et Délégué Interministériel à la Lutte Contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine anti-LGBT.
14h30 à 17h00 : Représentation de la pièce de théâtre « RACE(S) » de François Bourcier suivie d’un débat animé par Antoine Spire avec Maurice Olender, Fethi Benslama et François Bourcier.
« À travers les discours et les écrits authentiques d’éminents scientifiques, philosophes, économistes, penseurs renommés et hommes politiques, la pièce donne à comprendre les propos qui vont permettre aux nazis la justification et la mise en place de la solution finale : une extermination systématique des “races” dites inférieures… ».
18h00 : Réception à l’Hôtel de ville du Havre
21h00 : Soirée festive / Karaoké
Dimanche
De 10h00 à 12h00 : Débat politique
Autour du thème : « Racisme et antisémitisme doivent-ils devenir des délits ordinaires ? » animé par Alexis Lacroix et en partenariat avec SciencesPo Le Havre.
Invités (sous réserves) : Jean-Baptiste Gastinne (Maire du Havre), Yannick Jadot (Député européen EELV), Patrice Mignola (Député Modem, Président du Groupe à l’AN), Valérie Pécresse (Présidente de la Région IDF, Soyons Libres !), Christian Pierret (Ancien ministre et député, PS).
De 12h00 à 12h30 : Clôture
Par Gabriel Attal, Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse et Mario Stasi, Président de la LICRA.
L’article paru récemment dans le magazine Slate sur les couples mixtes, usant du terme “racisé” et servant de tribune à l’activiste identitaire Grace Ly, illustre le naufrage intellectuel et moral d’une partie des médias mainstream. Ceux-ci se situent aujourd’hui au même niveau que les réseaux sociaux et contribuent à exacerber les discours racistes et identitaires dans notre société.
Les races n’existent pas, soit, c’est une affaire entendue. Du moins, elles n’existent pas telles qu’elles ont été définies par le racisme des 19e et 20e s. (racisme lui-même légitimé par la “science” de l’époque). Mais ce racisme a engendré une “construction”, une vision symbolique de la race. Si bien que, même si la plupart des gens admettent aujourd’hui (à contre-coeur, souvent) que les races n’existent pas, ce n’est pas pour autant qu’ils ont débarrassé leur mental de ces constructions symboliques, constructions engrammées pendant 2 siècles. Pour que celles-ci disparaissent, pour que les groupes humains d’origines différentes changent de regard les uns sur les autres, il faudra beaucoup de temps.
Le terme racisé fait partie du lexique de l’extrême droite indigéniste et renvoie à l’essentialisme raciste du fascisme des années 1930. Hitlérisme et indigénisme possèdent un contenu identique : division du monde en “races” supposées s’affronter, rejet du métissage et de l’universalisme, soumission de l’individu à son “clan”, haine de la culture, ou encore le fait de désigner l’ennemi comme un “privilégié” etc…L’étude d’Umberto Eco sur l’ur-fascisme est particulièrement éclairante.