Communiqué :
Les formes codées de l’antisémitisme sont un enjeu clé de la lutte actuelle contre ce phénomène : symboles non explicites, ambivalents, controversés, intentions non revendiquées… La stratégie du « dog whistling » (« sifflet à chien ») permet de rallier les convaincus tout en semant le doute chez ceux qui se posent sincèrement des questions.
Dans un contexte tragique comme celui que nous traversons, ce doute a des effets profondément délétères. Par une stratégie de tension, par l’instillation de la confusion et des méthodes pernicieuses, il isole davantage encore celles et ceux qui vivent la haine dans leur chair au quotidien.
C’est par le doute que l’on nourrit le soupçon. C’est par ce brouillage que l’on brise l’entendement commun. C’est ainsi que l’on affaiblit l’unanimité des réactions et celle des mobilisations contre l’intolérable, alors que la synagogue de Rouen a été visée, ce matin, par une tentative d’incendie. Parce que la guerre se déchaîne au Proche-Orient, on insulte, ici, on amalgame, on menace, on agresse, on tue. En France !
Il est urgent de sortir de l’ambiguïté. Que la main rouge soit une version imagée de l’assassinat de deux Israéliens à Ramallah en 2000 par un terroriste palestinien qui s’était affiché avec ses mains souillées du sang de ses victimes, ou qu’elle représente le sang des Palestiniens tués à Gaza par les « sionistes », la conclusion est la même : par la symbolique puissante du sang, « les juifs » doivent être tués parce qu’ils sont coupables et ils sont coupables puisqu’ « ils » tuent. Dans un journal d’extrême droite, en 1938, on pouvait lire : « Nous ne sommes pas antijuifs, nous sommes anti-sales juifs ». Ce matin, circulait dans certains lycées parisiens un mot d’ordre de mobilisation actualisant de manière à peine codée ce sophisme odieux : « Nous aimons les juifs, pas les sionistes. »
Ne laissons pas le doute s’immiscer dans les esprits. Nous appelons à la plus grande vigilance, à l’unité et à la fermeté contre les amalgames et les confusions qui envahissent l’espace public. Favorisés par certaines instrumentalisations politiques, ils chauffent les esprits à blanc et arment le bras des délinquants et criminels.
Comme celle de toutes les formes de racisme, la condamnation de l’antisémitisme ne peut souffrir d’hésitations. Elle doit être franche, unanime et inconditionnelle.
(NB : Pour signaler des inscriptions ou symboles injurieux : mairies des rues concernées et Préfecture de police – sur X : @prefpolice).
