Alors que citoyens français, de confession musulmane, sont attaqués par un militant d’extrême-droite, ancien candidat du Front National, nous voyons progresser aussi la haine antisémite sous des formes nouvelles et malheureusement renouvelées.
Devant ces plaies béantes, il y a deux attitudes possibles.
La première est celle des identitaires : verser sur cette blessure l’acide du communautarisme, de la haine de la République et de ses valeurs communes pour endolorir le pays et lui donner des spasmes.
C’est ce qui s’est passé dimanche dans les rues de Paris où, marchant contre la prétendue « islamophobie », on a en réalité marché contre la fraternité, en criant « Allah Akbar » à 100 mètres du Bataclan et en affublant les membres du cortège, y compris les enfants et sous le regard goguenard d’une sénatrice de la République, d’une étoile jaune indécente et ignoble au regard de la charge historique et criminelle d’un tel symbole. Cette manifestation de la honte n’a pas fait reculer d’un iota le racisme contre les musulmans dans notre pays mais elle a fait progresser à grands pas le repli identitaire et la défiance à l’égard de la laïcité, présentée comme « liberticide » et dont les manifestants réclamaient l’abrogation des lois fondatrices.
La haine à l’égard des musulmans, qui s’exprime y compris sur une chaîne d’information en continu, n’est pas un combat secondaire.
La seconde est celle des universalistes : rassembler toutes les forces d’un pays autour d’une idée commune et protectrice des citoyens, de tous les citoyens. C’est là notre devoir essentiel.
La haine à l’égard des musulmans, qui s’exprime y compris sur une chaîne d’information en continu, n’est pas un combat secondaire. Il est essentiel de le mener, avec la même énergie et la même détermination que nous le faisons pour toutes les formes de rejet de l’autre. Mais nous devons le faire avec la conscience pleine et entière que nous défendons les droits de tous nos compatriotes, citoyens de la République, sans les assigner à une appartenance religieuse ou à une identité victimaire. Il n’existe pas des Musulmans de France ou des Juifs de France. Il existe des individus dont le seul groupe d’appartenance reconnu par notre Constitution est le peuple français.
Le communautarisme s’emploie à diviser, comme l’extrême-droite. L’universalisme doit s’employer à rassembler.
Nous appellerons à marcher au début de l’année 2020 pour nous réunir autour d’ne idée commune la liberté dont toutes les déclinaisons sont la sève et l’âme de la République : la liberté absolue de conscience, la laïcité, la liberté d’expression et celle de caricaturer, y compris une religion.
Aujourd’hui l’islam politique est un cortège d’interdictions et d’obligations, de censure et d’intimidation, y compris de ceux qui sont dénoncer comme de supposés « mauvais » musulmans. Ensemble, nous avons la tâche difficile de former de nouveau dans notre pays le cortège de la liberté, celle qui refuse l’obscurantisme et celle qui défend, pour chacun, « le droit de vivre » en République.
Mario Stasi
Président de la Licra