Par Francetvinfo. Selon Mario Stasi, président de la Licra, la clé est dans la laïcité qui permet de dépasser les questions identitaires.
Le président de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), Mario Stasi, appelle lundi 13 novembre à “un réel grand plan de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations” au lendemain de la marche en soutien à la communauté juive en France. “C’est très bien de manifester”, mais “ce qui compte, c’est ce que l’on va mettre maintenant en branle et en marche pour intensifier tout un travail de formation et d’éducation”, a-t-il expliqué. Selon lui, la “laïcité” est “un terrain de compréhension mutuelle qui permet une vie harmonieuse de respect” et de dépasser les questions identitaires. Le président de la République a reçu dans la matinée à l’Élysée les différents responsables du culte en France. “L’antisémitisme ne passera pas par les mosquées”, a déclaré le recteur de la Grande mosquée de Paris après avoir rencontré Emmanuel Macron.
franceinfo : Saluez-vous la rencontre entre Emmanuel Macron et les responsables du culte ?
Mario Stasi : C’était indispensable de rassembler les responsables de cultes après cette marche contre l’antisémitisme et pour la République. Il ne faut pas oublier que la lutte contre l’antisémitisme dépasse ô combien le cadre religieux et que c’est l’affaire de tous les citoyens, qu’ils soient croyants ou non-croyants. C’est une affaire républicaine.
Faut-il élargir la lutte contre l’antisémitisme à la lutte contre le racisme pour rassembler plus largement ?
Ce qui importe à la Licra, c’est le moment d’après et l’instant d’après, c’est les mois et les années d’après. C’est très bien de manifester. C’est très important, notamment pour montrer la solidarité nationale au soutien de la communauté juive, mais ce qui compte, c’est ce que l’on va mettre maintenant en branle et en marche pour intensifier tout un travail de formation, d’éducation. Mais pas simplement un travail d’interpellation et de sanction indispensable, pas simplement de régulation des réseaux sociaux, indispensable, d’interventions dans les lycées, dans les collèges, dans les écoles primaires, dans le sport amateur, dans le monde de la culture, dans le tissu urbain. Il faut mettre en place un réel grand plan de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations, en faire une priorité nationale, y mettre les moyens financiers, les moyens humains et un vrai cadre, un vrai programme.
Comment éviter le risque de concurrence victimaire ?
C’est la concurrence victimaire et c’est le repli identitaire. Il faut retrouver un élan collectif, un élan républicain, un élan citoyen, tout en reconnaissant équitablement la diversité. Comment reconnaître l’identité et dépasser cette identité ? Il y a un terrain de compréhension mutuelle qui permet une vie harmonieuse de respect, un terrain d’expression publique qui est celui qui a fondé la République, c’est la laïcité. On doit se retrouver autour des valeurs de la laïcité tout en ayant, dans son intimité, dans le domaine privé, le droit de penser ce qu’on veut de croire ou de ne pas croire, de blasphémer ou ne pas blasphémer. Il y a de l’ordre de l’intime et de l’ordre de l’impression publique.
Cela s’enseigne dans les classes de collège, les écoles primaires ou le lycée. C’est ce que nous faisons à la Licra et c’est ce qu’il faut faire de façon exponentielle. Enseigner ce qu’est la laïcité, le racisme, l’antisémitisme, le négationnisme, les génocides, la Shoah et d’autres génocides. La propagande se nourrit de l’ignorance. Je constate que bien souvent les racistes et les antisémites, ce sont d’abord des ignorants. C’est souvent par ignorance, parfois évidemment avec une intention de nuire, mais souvent par une ignorance crasse. Il faut s’attaquer à la racine et il faut mettre le paquet dans la formation et l’éducation.
