Paris, 17 octobre 2024 – Le tumulte de la rentrée scolaire a maintenant laissé place à la routine quotidienne de millions de professeurs et d’élèves, emportant avec elle son lot d’actes racistes et antisémites, impactant inexorablement le quotidien des trop nombreuses victimes, ainsi que de leurs familles.
Depuis plusieurs mois, la Licra est destinataire d’un nombre exponentiel de signalements de victimes de racisme et d’antisémitisme dans les écoles (primaire, collège, lycée).
– + 49% d’augmentation du nombre total de signalements de victimes de racisme et d’antisémitisme en milieu scolaire en 2024, par rapport aux chiffres de l’année 2023 ;
– + 127 % d’augmentation du nombre de signalements à caractère antisémite en milieu scolaire en 2024, par rapport aux chiffres de l’année 2023 ;
– + 52% d’augmentation du nombre de signalements à caractère raciste en milieu scolaire en 2024, par rapport aux chiffres de l’année 2023.
(Chiffres du service d’accueil des victimes de la Licra)
Saisi principalement par les familles d’élèves, le pôle d’accueil des victimes de la Licra constate que le racisme et l’antisémitisme à l’école se manifestent très souvent sous la forme d’injures à caractère raciste ou antisémite et de harcèlement scolaire discriminatoire. La Licra déplore que l’école puisse devenir un lieu d’expression décomplexé où la haine de l’autre prend parfois le pas sur les valeurs qui sont au frontispice de notre pacte républicain.
Dans le cadre de nos échanges avec les familles des victimes, nous constatons également un manque de confiance, entre peur des représailles et déception face aux réponses faites par les équipes éducatives et les directions d’établissements. Dans de trop nombreux cas, la Licra observe une difficulté récurrente de l’Institution à réparer les victimes, assurer leur sécurité et à prendre la mesure de la gravité de laisser prospérer les discours de haine à l’école.
Ces derniers mois, le pôle d’accueil des victimes a également été destinataire de signalements de professeurs en détresse, abandonnés face à une direction ou des collègues minimisant ou ne souhaitant pas réagir face à des propos ouvertement antisémites par exemple.
Dans un contexte politique et géopolitique tendu, face aux tensions et incidents que suscite, en écho, la guerre au Proche-Orient jusque dans les écoles, la Licra prend acte de l’inefficacité de la politique du « pas de vague » qui obère la prise en compte effective de ces agressions d’une particulière gravité dans le respect des victimes.
En outre, si la Licra approuve la mise en place d’un protocole de prise en charge des situations de harcèlement à l’école, nous constatons au gré de nos échanges avec les familles, que la communication autour de ce programme manque de transparence et que ni les procédures, ni les personnes référentes ne sont clairement identifiables.
Il est urgent que des politiques publiques ciblées sur la lutte contre le racisme et l’antisémitisme soient mises en place, au-delà des grands effets d’annonce. Encore une fois, les directives ministérielles, sans outils efficaces et sans moyens supplémentaires pour les mettre en œuvre, ne suffisent pas. Pour que l’école reste cet « asile inviolable où les querelles des hommes ne pénètrent pas » décrit par Jean Zay en 1936, la Licra continuera son combat et se tiendra toujours aux côtés des victimes et de leurs familles.
