L’inauguration du Lycée Joséphine Baker sous le haut patronage de Gabriel Attal et François Bonneau, a eu lieu le vendredi 8 septembre dernier à Hanches (28). La Licra et sa délégation Eure-et-Loir y étaient représentées par Michel Suchodolski, Claude Londner et Annick Larcher.
Vous trouverez ci-dessous le discours de Claude Londner (egalement coordinatrice du Concours littéraire Bernard Lecache), prononcé à cette occasion :
“Au commencement de la Licra, il y a un coup de théâtre judiciaire. Le 26 octobre 1927, à Paris, Samuel Schwartzbard, militant anarchiste et réfugié juif natif de Bessarabie, est acquitté du meurtre de Simon Petlioura, un meurtre qu’il avait pourtant revendiqué.
Petlioura était un ukrainien soupçonné d’être l’instigateur de pogromes perpétrés en 1919. Cet acquittement spectaculaire est dû à la brillante plaidoirie de Me Henry Torrès, défenseur de Schwartzbard, mais aussi aux efforts du journaliste Bernard Lecache, qui publie sans relâche des enquêtes pour alerter l’opinion sur les persécutions dont sont victimes les Juifs d’Europe, notamment aux côtés de Victor Basch, le président de la Ligue des Droits de l’Homme, qui sera assassiné par la Milice en 1944 avec sa femme Hélène.
Mais le soir même de cet acquittement, Bernard Lecache et ses amis se réunissent à la Brasserie Marianne, à Pigalle et fondent la future Licra qui comptera dans son comité d’honneur des personnalités telles que la comtesse de Noailles, Albert Einstein, Sigmund Freud, Romain Rolland, Edouard Herriot, Léon Blum, Léon Jouhaux …
Bernard Lecache présidera la Licra jusqu’à sa mort en 1968.
Aujourd’hui, hélas, nous n’en avons pas fini avec le poison des haines et des discriminations de toutes natures. C’est pourquoi nous sommes si heureux de voir un établissement scolaire porter le nom de Joséphine Baker.
Qui mieux que l’École peut enseigner le respect de l’Autre et donner aux élèves les outils intellectuels de compréhension des dangers de la haine ? Qui peut mieux les préparer à la pratique des valeurs républicaines qui, seules, favoriseront la mixité sociale et une vie harmonieuse ? Et c’est avec plaisir que, suite à la Convention passée en 2011 avec l’Education nationale, nous intervenons en milieu scolaire sur demande des chefs d’établissement.
Dans les années 1950, la Licra s’engage en faveur des Droits civiques pour tous et c’est alors que Joséphine Baker- militante de la Licra devient officiellement notre « Ambassadrice internationale », elle soutient l’association grâce à son immense notoriété et elle s’engage avec force pour l’émancipation des Noirs. Lors de ses tournées internationales, elle dénonce la ségrégation aux États-Unis et le racisme à travers le monde. Elle soutient le Mouvement des droits civiques de Martin Luther King et participe, à la Marche sur Washington. Voici quelques mots relevés au fil d’un de ses discours, des mots qui parlent à nos cœurs et à nos âmes :
« Je combats la discrimination raciale, religieuse et sociale n’importe où je la trouve, car je suis profondément contre et je ne puis rester insensible aux malheurs de celui qui ne peut pas se défendre dans ce domaine. Je lutte de toutes mes forces pour faire abolir les lois existant dans différents pays qui soutiennent la discrimination raciale et religieuse parce que ces lois font croire aux citoyens qu’ils ont raison d’élever leurs enfants dans cet esprit.
Quelle importance y a-t-il à ce que je sois noire, blanche, jaune ou rouge ? J’aime tout le monde et je voudrais être aimée en retour. (…) Je savais le jour où l’on a décrété que j’étais l’enfant adoptive de Paris, qu’à partir de ce moment-là nos deux cœurs n’en formeraient qu’un. Je savais, ce jour brumeux, quand le paquebot a quitté le port de New-York, que je trouverais le soleil à mon arrivée en France. »
C’est cette éclatante sincérité qui lui a valu l’estime de tous, ce sont ses engagements et son courage qui lui ont donné sa place au Panthéon.
Que sa bienveillance, sa passion des enfants et ses convictions humanistes et républicaines donnent leur touche lumineuse au Lycée Joséphine Baker et à ses élèves.”
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