L’Herbe de l’oubli, écrit et mise en scène par le dramaturge belge Jean-Michel d’Hoop, est un de ces spectacles rares à propos desquels on peut s’autoriser la formule conventionnelle : « à ne manquer sous aucun prétexte ! ». Longtemps, vous hantera le souvenir poétique de ces marionnettes – géantes ou à taille humaine, mais toujours d’une bouleversante délicatesse – qui, à côté des acteurs humains, portent avec une rare intensité le « message » de la pièce : n’oublions pas ces quelques milliers d’habitants de la région de Tchernobyl, restés sur place ou revenus par nostalgie dans cet étrange laboratoire, d’autant plus terrifiant qu’il est inaccessible aux sens : le césium 137, comme les autres poisons qui émanent de l’ancien réacteur n°4, sont invisibles, inodores et sans saveur : c’est en silence qu’ils accomplissent leur œuvre mortifère.
Et après avoir applaudi ce beau spectacle, ne manquez pas, samedi 21 à 11h aux Ateliers de la pensée, le débat animé par la LICRA sur le thème : « prendre, donner, trahir, enlever la parole ? », auquel participera Jean-Michel d’Hoop.
Abraham Bengio