Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche organisait mardi 5 juin la journée nationale des référents racisme et antisémitisme des universités et des grandes écoles. La LICRA, partenaire de l’Etat, a participé activement à cette journée notamment par l’animation d’un atelier sur les « bonnes pratiques » dans le cadre de la convention signée le 23 mars dernier par la Ministre Frédérique Vidal et Mario Stasi, président de la LICRA.
La lutte contre la haine en ligne
Les enjeux de la première partie de la journée ont porté sur la haine en ligne et la nécessité de mettre en place, au niveau français et européen, une régulation plus forte des contenus haineux. Cette discussion intervenait dans un contexte où le gouvernement français a confié à Gilles Taieb, Karim Amellal et la député Laëtitia Avia une mission afin de proposer des mesures adaptées à l’ampleur des phénomènes racistes et antisémites dont la parole s’est depuis plusieurs années abritée impunément sur internet. Au niveau européen, une circulaire est actuellement en préparation afin de trouver les voies et les moyens d’une harmonisation des politiques publiques face à la haine en ligne, notamment dans un contexte où des cultures politiques et des traditions juridiques ne regardent pas ces phénomènes avec les mêmes approches et les mêmes outils.
Les bonnes pratiques dans l’enseignement supérieur
La LICRA, représentée à cette journée par Maria Giuseppina Bruna, professeure et déléguée du bureau exécutif sur ces questions, et Stéphane Nivet, directeur de la communication, a animé l’atelier consacré aux bonnes pratiques face au racisme et à l’antisémitisme dans un cadre universitaire. Cet atelier a permis d’identifier la nature des actes haineux qui nous sont signalés par des plaignants : discrimination dans le cadre d’un examen, brimades racistes à l’égard d’étudiants, insultes antisémites à l’égard d’enseignants-chercheurs, retard dans l’avancement de carrière pour des motifs racistes. Les débats ont également permis de pointer la résurgence de pratiques idéologiques destinées à instrumentaliser l’université à des fins de promotion d’idéologies racistes ou antisémites : organisation d’ateliers « racisés », détournements de colloques scientifiques par des officines identitaires racialistes, dérapages antisémites ou racistes constatés lors des mouvements sociaux à l’université venant de l’extrême-droite ou d’une partie de l’extrême-gauche.
La LICRA a mis en débat un certain nombre de préconisations pour faire reculer tous ces phénomènes. En matière de lutte contre les discriminations, l’attention a été portée sur le rôle central des référents dans les universités et les grandes écoles dans la collecte de l’information et les suites à donner face aux incidents constatés. Margie Bruna a notamment appuyé son propos sur la nécessité de faire en sorte que les universités et les établissements d’enseignement supérieur et de recherche intègrent ces problématiques au titre de leur responsabilité sociétale, au même titre qu’elles ont pu le faire sur d’autres sujets, en matière d’environnement notamment. Certaines pistes pratiques d’avancées concrètes ont été évoquées : rendre publics les oraux des examens et ceux des entretiens d’accès au master, installation de permanences du Défenseur des Droits sur les campus universitaires, mise en place d’un référentiel des sanctions disciplinaires possibles face aux incidents racistes et antisémites.
L’hypervisibiltié de la haine contemporaine
Le sociologue Géralrd Bronner a clôturé cette journée pour une conférence consacrée à « l’hypervisibilité de la haine contemporaine » et aux phénomènes d’amplification, de diffusion et de partage des manifestations du racisme et de lantisémitisme. Il a notamment insisté sur le phénomène de « tyrannie des minorités » sur les réseaux sociaux et à la faveur duquel un petit nombre d’activistes, organisés consciemment ou non, étaient capables de catalyser leur idéologie avec des moyens finalement très réduits. Avant de conclure que c’est l’inaction de la majorité et du plus grande nombre qui, finalement, donnait à ces activités de la haine les moyens d’exister impunément.