Avec les souvenirs des Écrits de prison de Jean ZAY, nous entrons dans la vie du premier prisonnier politique du régime de Vichy.
Grâce à la correspondance quotidienne qu’il a entretenue avec son épouse Madeleine, mais aussi à travers de nombreux extraits de son grand livre Souvenirs de solitude, Jean ZAY nous offre le témoignage remarquable d’un homme attachant, éblouissant de talent, de finesse et d’intelligence, mais attentif et sensible qui, victime d’une persécution totalement inique, vit cette injustice dans la sérénité du juste au fil interminable des jours et nuits de sa prison (1940-1944)
Avocat, jeune député radical du Loiret en 1932, réélu en 1936, nommé à 32 ans ministre de l’Éducation nationale et des Beaux- Arts dans le gouvernement du Front Populaire, il démocratise et modernise le système scolaire et favorise l’accès de tous à la culture.
Il inventa le festival de Cannes, forgea la réunion des théâtres nationaux, rénova la Comédie française, proposa un statut d’architecte et du droit d’auteur, conçut l’ENA et le CNRS, façonna l’éducation nationale moderne, interdit la propagande politique et confessionnelle dans l’enseignement public, mit en place la scolarité obligatoire jusqu’à 14 ans…
Jean ZAY est aussi cet homme qui remit sa démission le 10 septembre 1939. Après un procès politique truqué, il est jugé et condamné à la déportation et à la dégradation militaire : la même peine que Dreyfus. Le 20 juin 1944, trois miliciens l’abattent dans un bois de Cusset près de Vichy.
La prestation d’Yves MUGLER a su entrainer le public dans la pensée intime de ce grand humaniste. C’est un spectacle vivement recommandé.
Jean-Louis ROSSI