Découvrez le message de Mario Stasi, président de la Licra.
Illibérales. C’est ainsi que l’on qualifie depuis plusieurs années les démocraties qui remettent en cause la prépondérance des libertés individuelles et des droits de l’homme. Les gouvernements de Viktor Orbán en Hongrie, de Javier Milei en Argentine, la réélection de Donald Trump aux États-Unis, témoignent des succès remportés par ces discours qui accusent les minorités sexuelles, attaquent les droits des femmes, méprisent l’État de droit et s’en prennent aux contre-pouvoirs. Xénophobie, racisme, complotisme sont prisés par ces pays qui prônent le souverainisme et rejettent l’immigration.
En prétendant défendre la majorité contre les minorités, ces régimes contestent l’essence même de la démocratie. Or il faut bien rappeler que celle-ci n’est en rien la domination d’une partie de la population sur l’autre, au prétexte qu’elle est majoritaire. Elle affirme au contraire l’égalité des droits pour l’ensemble des citoyens, leur protection face à l’arbitraire et le respect de la liberté d’expression. Ainsi la démocratie ne se limite pas aux seules séquences électorales. Elle se caractérise par l’affirmation et la mise en œuvre constante de valeurs de liberté, d’égalité et de justice sociale.
C’est précisément ces intentions qui font défaut aux régimes illibéraux. Les projets politiques qu’ils portent n’ont rien de démocratiques et ouvrent la voie à des modèles autoritaires.
Face à cette évolution, les démocraties doivent redoubler de vigilance et combattre, avec les armes de l’État de droit, les forces qui sont de nature à les affaiblir. Cela signifie notamment se mobiliser contre les opérations de déstabilisation menées par certaines puissances autoritaires. Leurs actions visent à diviser profondément l’opinion, à semer le chaos politique et social, et à provoquer l’effondrement de la démocratie. En France, l’extrême droite attend de recueillir les fruits des divisions pour gagner le pouvoir et mettre en œuvre un programme contraire à la démocratie libérale.
Non, l’illibéralisme n’est pas la démocratie. Dans les batailles politiques qui se jouent actuellement, en France, en Europe et ailleurs dans le monde, les démocrates doivent se montrer lucides, courageux et intransigeants dans la défense de leurs principes politiques.