Message de Mario Stasi, président de la Licra
Les établissements d’enseignement supérieur sont des lieux de construction et de transmission des savoirs, des lieux où s’élabore la pensée critique. Des lieux à protéger.
La contestation de l’ « ordre établi », l’engagement pour des causes sociales, pour la justice et la dignité des êtres humains, le débat autour de thèses réformistes ou révolutionnaires y ont toujours eu une place légitime. Ainsi l’université n’a-t-elle pas pour finalité la reproduction de l’ordre social ou le formatage des esprits. Elle n’est pas au service du pouvoir politique ou économique, et ce que l’on nomme « liberté académique » garantit aux personnels universitaires et aux étudiants la liberté de mener des recherches scientifiques, celle de discuter et de transmettre la connaissance dans un cadre fondé, comme dans le reste de la société, sur la liberté d’expression.
Les établissements d’enseignement supérieur ne sont pas des sanctuaires et c’est la force d’une société démocratique que de ne pas avoir à craindre la pluralité des points de vue et la libre circulation des idées, fussent-elles empreintes de subjectivité, de militantisme, fussent-elles clivantes.
Or, l’occupation et le blocage des universités constituent des entraves physiques à cette liberté académique. La désinformation, les slogans belliqueux et le chantage sont des armes de manipulation, de dissuasion et d’intimidation, non des instruments d’émancipation. La transformation d’amphithéâtres en tribunes pour propagandistes prend à contrepied la vocation de l’université qui doit au contraire favoriser la contradiction et la confrontation des savoirs, non le rétrécissement de la pensée et la cristallisation des opinions.
Dans une université doit régner la liberté d’expression et non un rapport de force, frontal, imposé par une partie des étudiants !
Dans une université, des étudiants n’ont pas à vivre dans l’inquiétude ou la peur, à cause des options radicales dont certains autres ont fait le choix sans accepter la moindre contestation.
Des étudiants ne peuvent s’y voir interdire l’accès en raison de leurs origines ou de leurs opinions.
Oui à la liberté des débats, non au rapport de force qui en empêche la bonne tenue ! La régression de la parole démocratique ne peut être promue sous le sceau d’un prétendu progressisme. L’université est libre ; elle doit le rester !