Découvrez le message de Mario Stasi, président de la Licra.
À en croire une petite musique récurrente, l’antisémitisme serait aujourd’hui l’affaire de la gauche. C’est vrai ! L’antisionisme qui se manifeste à la gauche de la gauche, et notamment dans les rangs de la France insoumise, charrie des caricatures et une désinformation qui diabolisent systématiquement l’État d’Israël. Ce sont ces attaques obsessionnelles qui favorisent les amalgames – les juifs devenant des « sionistes » –, et qui inspirent les agressions antisémites.
Pour autant, comme cela est souvent dit, l’antisémitisme a-t-il changé de camp ? Autrement dit, le Rassemblement national est-il aujourd’hui un rempart contre ce phénomène et un « bouclier » pour les Français juifs ? À la Licra, nous ne le pensons pas.
D’abord parce qu’un parti héritier du Front national, fondé par d’anciens vichystes et d’anciens nazis, qui n’a jamais porté le moindre regard critique sur sa propre histoire, ne peut être crédible en la matière
Ensuite parce que le Rassemblement national conserve bien des accointances avec des personnalités et des groupuscules antisémites. Et aussi parce que les enquêtes d’opinion attestent un taux d’adhésion aux stéréotypes antisémites chez les sympathisants et adhérents du RN, bien supérieur à la moyenne nationale, ce qui fait de l’antisémitisme un sujet.
Un parti qui réécrit le passé en se présentant comme l’héritier de la Résistance, alors que ses fondateurs l’ont combattue, n’est ni l’ami de la République, ni l’ami des juifs.
Un parti qui tente de dissimuler sa filiation et son histoire ne tient pas un langage de vérité.
Un parti qui s’autoproclame « meilleur bouclier » des juifs, profitant du silence parfois assourdissant des autres partis, est simplement opportuniste.
Un parti qui défend les juifs pour mieux attaquer les musulmans poursuit avant tout une stratégie de division.
Il ne suffit pas de se décréter « protecteur » ou « bouclier » pour l’être effectivement et balayer un héritage historique lourd en dérapages, agressions et condamnations judiciaires pour antisémitisme.
La lutte contre ce fléau ne peut pas être un subterfuge pour dresser des Français les uns contre les autres. La République est indivisible : elle condamne l’antisémitisme ET le racisme. Il faut faire de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme une grande cause nationale.
