Découvrez le message de Mario Stasi, président de la Licra.
« Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit. » Tel est le premier article de la loi du 15 mars 2004, dont nous venons de marquer le vingtième anniversaire. Une loi en application du principe de laïcité et pour ainsi dire, une loi qui constitue un retour aux sources de la laïcité.
Depuis 20 ans, cette loi est la cible de critiques et d’attaques nombreuses. Ses détracteurs affirment notamment qu’elle aurait subverti la nature de la loi du 9 décembre 1905 de séparation des Églises et de l’État, dans un sens autoritaire.
En réalité, la neutralité de l’État institué par la loi de 1905, consistant à ce qu’aucun culte ne soit favorisé et qu’ils soient, tous, maintenus à égale distance, a subi, au fil du XXe siècle, des adaptations : loi Debré de 1959 permettant le financement public de l’enseignement privé, admission de carrés confessionnels dans les cimetières, lieux civils publics, autorisation donnée aux élèves de s’absenter pour les fêtes religieuses non inscrites au calendrier ou encore recommandation de ne pas organiser d’examens ou de concours pendant celles-ci…
La loi de 2004 ne revient pas sur ces accommodements mais elle sanctuarise l’école face à un mouvement de revendication et d’affichage des identités religieuses, qui émane notamment de l’islam.
En interdisant le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les établissements scolaires publics, l’État entend instaurer cette « respiration laïque », dont parle la philosophe Catherine Kintzler, par la distinction concrète des espaces dans lesquels évolue le jeune citoyen.
Alors que la contestation de certains enseignements est en hausse, comme l’a déploré la ministre de l’Éducation nationale Nicole Belloubet, il est nécessaire de ne pas laisser dévoyer le sens de la loi de 2004 : celle-ci ne porte en aucune manière atteinte à la liberté religieuse. En cherchant à préserver l’école publique de toute forme d’expression confessionnelle, elle protège au contraire la liberté de conscience de chacun, celle de s’approprier les savoirs et l’examen libre et critique des systèmes de pensées.