Découvrez l’édito n°10 de la Licra, par Mario Stasi, président de la Licra.
Il existe en France une législation qui sanctionne l’injure, la diffamation, la provocation à la haine, à la violence et à la discrimination raciste.
La loi contre le racisme de 1972, ses objectifs, sa philosophie et son application sont un pilier fondamental de notre vie démocratique. Cette loi régit les relations sociales, le débat, la liberté d’expression, dans la sphère médiatique et dans notre vie quotidienne.
Il faut le rappeler : nos députés et sénateurs l’ont adoptée à l’unanimité ! Par raison et conviction, ils ont considéré que ce qui pouvait être pensé appartenait à chacun et que ce qui était exprimé publiquement rendait tout citoyen responsable de la vitalité et de l’éthique du débat démocratique… de la rue aux réseaux sociaux.
Les mots engagent la responsabilité de ceux qui les portent en public, notamment quand ils ont le dessein clair de nuire, de ridiculiser ou de violenter. Robert Badinter déclarait avec une immense justesse, il y a fort longtemps déjà, que les mots sont des fusils chargés.
La proposition de loi débattue ces jours-ci permettrait enfin, si elle était adoptée, de décerner des mandats d’arrêts à l’encontre des délinquants qui tenteraient de fuir après leur condamnation à une peine d’emprisonnement, pour contestation de crimes contre l’humanité ou apologie de crimes contre l’humanité ou de crimes de guerre. C’est un pas vers la justice pénale ordinaire.
Mais il faut aller loin et sortir la loi de 1972 de la loi sur la liberté de la presse et de protection des journalistes qu’est la loi du 29 juillet 1881. Il est temps de considérer que les paroles racistes et antisémites fracturent gravement le corps social. Et il faut passer des paroles aux actes, c’est une urgence !
Ayons le courage de faire du racisme et de l’antisémitisme des délits de droit commun. Ne permettons plus à ceux qui abusent de la liberté d’expression et la piétinent, se croyant à l’abri derrière leurs écrans ou leur communauté extrémiste, de bénéficier de la protection de la loi de 1881.
Le mot peut tuer, soyons réalistes : quand il n’est plus question de liberté d’expression mais de propos racistes ou antisémites, la justice ordinaire doit passer comme pour tous types de délinquance.