Dans le langage courant, nous parlons pudiquement des “survivants des camps” ne sachant quels comportement, attitude, questions adopter ou poser pour entrer dans leur monde. Mais existe-t-il une “bonne façon” de rentrer dans leur monde ?
L’amour maternel, l’amitié peuvent-ils réparer ? Et quelle réparation possible quand les survivants ne sont plus que des morts en sursis ? Que leur vie s’est arrêtée dans ces camps, hantés qu’ils sont à tout jamais par cette empreinte indélébile.
Angelica est la belle sœur et amie de Klara. Klara revient des camps et l’autre pas. Et c’est par le biais d’un journal tenu par Angelica que nous assistons au naufrage de toutes les tentatives de remise sur l’orbite de la vie d’une Klara a jamais figée dans ces 29 mois d’enfer. Les dialogues justes et sans pathos portés par deux actrices jouant tout en retenue et en force nous atteignent comme des flèches.
Des images d’archives racontent ce que nul mots ne pourront jamais traduire.
Si certains propos peuvent nous déstabiliser par leur franchise, ils ne sont pas gratuits et participent à l’ouverture d’une réflexion plus large sur ce retour de revenants jamais tout à fait revenus pour certains, et jamais présents pour d’autres.
Je vous invite à aller voir au plus tôt, je n’ose dire ce spectacle mais ces tranches de vie sur scène, il en va de notre avenir.
Betty REVEL