Deux étudiants extérieurs à l’université sont entrés ce week-end dans le local de l’UEJF et ont uriné dans le local. Ils ont filmé le tout, à visage découvert, et l’ont mis en scène sur les réseaux sociaux. L’université va porter plainte.
C’est une sinistre première pour Dauphine. Alors qu’il avait déjà été saccagé à l’université Panthéon-Sorbonne l’an dernier, le local de l’union des étudiants juifs de France (UEJF) de l’université Paris Dauphine a été à son tour vandalisé, cette fois par des étudiants venant de l’extérieur. Ce samedi, deux jeunes hommes sont en effet rentrés dans le local et l’un d’entre eux y a uriné, avant de repartir. Le tout a été filmé, mis en scène et diffusé sur le réseau social Snapchat, sans qu’aucun visage ne soit masqué. L’université a déposé plainte.
Mise en scène macabre
« La vidéo a été mise en ligne sur le réseau social Snapchat samedi vers 15 heures, confirme Sacha Ghozlan, le président de l’Union des étudiants juifs de France. On y voit d’abord une personne qui filme en mettant en scène l’ouverture de la porte du local, avec un gros plan sur les lettres UEJF. Une fois entrée dans le local, elle filme une autre personne qui est en train d’uriner par terre. Leurs voix sont assez inaudibles mais leurs intentions antisémites ne font aucun doute: aucun autre local, ni même les toilettes à côté, n’ont été vandalisés, Juste l’UEJF. »
En entrant dans leur local lundi, les membres de l’association UEJF à Dauphine n’ont pas tout de suite remarqué l’intrusion malgré le « sale état » du local. Ils ont ensuite été alertés par d’autres étudiants qu’une telle vidéo tournait sur les réseaux sociaux et ont alerté immédiatement l’université. «Dauphine a eu une réaction parfaite, poursuit Sacha Ghozlan. Ils ont immédiatement écrit un courrier au directeur de l’établissement où étudient les deux intrus». De son côté, l’université confirme la version du déroulé des faits de l’UEJF sans affirmer savoir qui sont les deux individus incriminés, et précise au Figaro qu’elle avait porté plainte.
#CaSuffit ! Soutien à l'@uejf suite à l'acte révoltant commis ce samedi dans leurs locaux à @Paris_Dauphine. Je condamne fermement cet acte ignoble. Les auteurs doivent être retrouvés et sanctionnés. #NeRienLaisserPasser https://t.co/roxwmOm2PQ
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) 3 avril 2019
La présidente de l’université, sur Twitter, a interpellé la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal: « Nous demandons que de tels agissements soient réprimés par des sanctions fermes. » Ce à quoi la ministre a répondu, toujours sur Twitter: « Soutien à l’UEJF suite à l’acte révoltant commis ce samedi dans leurs locaux à Paris Dauphine. Je condamne fermement cet acte ignoble. Les auteurs doivent être retrouvés et sanctionnés. »
Je condamne avec fermeté l’acte intolérable commis ce 30 mars dans le local de l'Union des Etudiants Juifs de @Paris_Dauphine. Plainte en cours de dépôt auprès du Procureur. Nous demandons que de tels agissements soient réprimés par des sanctions fermes @uejf @VidalFrederique
— Isabelle HUAULT (@IsabelleHuault) 3 avril 2019
L’antisémitisme grimpe chez les étudiants
Cet acte vient s’ajouter à une très longue liste d’actions antisémites menées au sein des établissements d’enseignement supérieur depuis un an et demi. À Tolbiac, donc, le local avait été saccagé pendant l’occupation de l’université durant les manifestations contre la loi pour l’orientation et la réussite des étudiants au printemps dernier. À HEC, une inscription «Juden» avait été écrite en grosses lettres orange, sur le mur et le tableau d’une classe. Une récente enquête menée par l’UEJF et l’Ifop notait même qu’environ neuf étudiants juifs sur dix ont déjà été victimes d’actes antisémites.
« Il y a clairement une banalisation de ces actes antisémites depuis une dizaine d’années, expliquait déjà Sacha Ghozlan au Figaro le mois dernier. Sur les réseaux sociaux, mais aussi dans les universités, la parole de haine devient normale. Dieudonné a été le premier à instrumentaliser la haine antijuifs pour en faire de l’humour, et depuis c’est devenu presque banal ».