“Français de merde”, “ramasseurs de coton”, “négros”, “sale arabe » : c’est par ces injures racistes que certains supporters de l’AC Ajaccio ont accueilli les joueurs du Havre Athletic Club alors que le bus des joueurs normands est resté bloqué plus d’une heure aux abords du Stade François-Coty, pris d’assaut par des supporters corses en furie.
Alors que le match a dû être reporté en raison de ses incidents, la seconde tentative a été sans doute encore pire. Le 21 mai, dans les tribunes du stade du club corse, le président du club du Havre est pris à partie et agressé, les insultes racistes et les menaces fusent tandis que Agnès Firmin Le Bodo, députée du Havre et les journalistes de France 3 Normandie sont contraints de se réfugier dans les vestiaires pour des raisons de sécurité. La députée précise également avoir entendu des supporters ajacciens proférer des insultes racistes à l’encontre des joueurs havrais, dont le gardien Yohann Thuram.
Le procureur de la République d’Ajaccio a ouvert cette semaine trois enquêtes, notamment pour injures à caractère raciste et violences en réunion, après les incidents autour du match Ajaccio-Le Havre qui s’est finalement disputé dimanche.
La première enquête est ouverte pour “dégradation par un moyen dangereux en réunion”, et “jet de projectiles”. L’ampleur des dommages causés au bus “reste à déterminer”, a précisé le magistrat. Les enquêteurs devraient notamment pouvoir s’appuyer sur des images amateurs des faits, captées au téléphone portable.
La deuxième enquête porte sur le coup dans le dos qu’a reçu le président du club normand Vincent Volpe et est ouverte pour “violences en réunion” avec une interruption totale de travail “n’excédant pas 8 jours”. Une troisième enquête porte sur le jet d’un fumigène pendant le match.
La LICRA condamne avec la dernière énergie le dévoiement raciste des matchs de football et sera aux côtés des victimes havraises dès lors que les circonstances auront été établies et les fauteurs de haine corses identifiés. Le président du club corse, Léon Luciani a préféré déposer plainte avec constitution de partie civile à l’encontre de Vincent Volpe, président du Havre AC pour dénonciation calomnieuse et son vice-président Alain Orsoni a dénoncé un “lynchage médiatique » qui « confine à « l’ostracisme ». Mais aucune intention de porter en justice les faits racistes commis à proximité du stade.
Le même week-end, à l’issue d’un match de football qui opposait deux clubs amateurs en Moselle, les arbitres ont retrouvé une tête de porc emballée dans un sac dans leur vestiaire. L’un des arbitres, un jeune homme de 22 ans d’origine marocaine, a dénoncé un « acte raciste » et va porter plainte mercredi avec le soutien du district.
Le racisme gangrène toujours une partie du football français, amateur ou professionnel et les images du mondial en Russie, dont les supporters sont connus pour leur xénophobie et leur haine à l’égard de tout ce qui n’est pas blanc ne risquent pas d’offrir un horizon apaisé dans ce domaine.