Par Mario Stasi, Président de la Licra.
Hier à Washington, un groupe de fanatiques de Donald Trump a tenté d’étouffer la démocratie américaine en pénétrant par la force dans le Capitole où les parlementaires devaient certifier les résultats de l’élection présidentielle. L’opération séditieuse a fait quatre morts et de nombreux blessés. Cet épisode dramatique pour l’Amérique l’est aussi pour nous tous. Ce qui a armé la main de ces fanatiques, c’est évidemment la harangue d’un Donald Trump irresponsable et destructeur car, comme toujours, l’ensauvagement des mots précède et prépare toujours l’ensauvagement des actes. Mais ce qui doit nous alerter plus que jamais, c’est la nature du bain idéologique dans lequel ces extrémistes barbotent depuis des années. Il s’agit d’un bain raciste, antisémite, suprémaciste et complotiste délirant qui semble les autoriser à piétiner les valeurs de l’universalisme, la vérité des faits et au final la démocratie elle-même. Il suffit de regarder leurs slogans et leurs symboles pour comprendre de quoi il retourne : le drapeau sudiste des confédérés accompagné d’un noeud coulant, rappelant explicitement les méthodes du Ku Klux Klan, des symboles du mouvement complotiste « QAnon », des T-Shirt siglés Auschwitz surmontant la sinistre devise du camp et les symboles du « Wotansvolk », notamment le Valknut, arrimant ces factieux à une religiosité néo-paganiste antisémite néonazie. Ils pensent qu’il existerait un « Etat profond » invisible, une forme de hiérarchie parallèle au pouvoir visible et animé par les boucs-émissaires habituels.
Ce qui s’est passé à Washington est bien davantage qu’un débordement de névrosés dopés au trumpisme assoiffés d’une extrême onction. C’est un signal envoyé aux mouvements populistes du monde entier. C’est une invitation à la submersion de nos principes démocratiques par des forces extrémistes dangereuses et déterminées. Le pire dans tout cela, n’est même pas que les extrémistes soient ce qu’ils sont. On ne le changera pas. Mais ce serait que personne ne tire les conclusions de cette alerte, qu’aucune oie du Capitole ne donne l’alarme pour empêcher la foule de trahir le peuple. Partout où le populisme surgit, où le relativisme empoisonne, où le complotisme résonne, il doit trouver sur son chemin des oppositions fermes et déterminées, des réponses démocratiques et, singulièrement en France, républicaines, sans faire l’économie de se demander pourquoi les peuples se retournent brutalement contre les démocraties. « Il faut, en un mot, que la défaite de la démagogie soit la victoire du peuple » (Victor Hugo).
Mario Stasi,
Président de la Licra