L’antisémitisme tue. Il tue toujours. Il tue encore.
Les crimes antisémites se succèdent et pourtant notre pays semble s’être accoutumé à une réalité effroyable dont la motivation aurait dû à jamais disparaître sous les décombres de la Seconde Guerre mondiale.
Depuis 2006, nous devons faire face au retour d’un antisémitisme meurtrier, qui de nouveau passe à l’acte et dont la main frappe indifféremment des enfants ou des personnes âgées, pourvu qu’ils soient juifs. Ilan Halimi, Jonathan Sandler Arieh Sandler, Gabriel Sandler, Myriam Monsonego, Yoav Hattab, Yoan Cohen, Michel Saada, Philippe Braham, Sarah Halimi et Mireille Knoll ont tous perdus la vie parce qu’ils étaient juifs.
Mireille Knoll est un symbole. Lors de la rafle du Veld’hiv, elle avait réussi à se cacher des nazis. Son mari était un rescapé d’Auschwitz. Elle savait plus que quiconque ce que l’antisémitisme signifiait. Elle n’a malheureusement pas pu échapper aux antisémites qui 76 ans après voulaient la tuer et y sont parvenus. C’est un drame atroce et une source d’indignation infinie.
Devant ce nouveau drame, il faut regarder la réalité en face. Il y a une spécificité française de l’antisémitisme et il y a en France une permanence et une intensité de l’antisémitisme qu’on ne retrouve pas dans les autres pays d’Europe. Les délits et crimes antisémites, de l’injure à l’assassinat, représentent 30% des délits et crimes racistes. La communauté juive représente à peine 1% de la population de notre pays. Cette surreprésentation de la haine des juifs en dit long sur l’enracinement du phénomène, sa capacité à se renouveler et à trouver de nouveaux relais, notamment avec le développement de l’islamisme.
Tout a été dit sur le sujet et les causes du phénomène. On nous dit qu’il s’agirait de l’importation en France du conflit-israëlo palestinien et qu’au fond, il s’agirait de la prolongation sur notre sol de la guerre ancestrale entre juifs et arabes. Cette explication à bon dos. En quoi le fait de poignarder une vieille femme en plein Paris avant de mettre le feu à son cadavre trouverait son origine dans la bande de Gaza ?
La situation au Moyen-Orient est un alibi commode à une réalité bien plus crasse : les racines de l’antisémitisme sont toujours les mêmes. C’est cette idée, comme le rappelait Delphine Horvilleur ces derniers jours, que les juifs auraient quelque chose que les autres n’ont pas : l’argent, le pouvoir, l’influence. C’est ce préjugé selon lequel les juifs seraient des usurpateurs et des profiteurs, qu’ils confisqueraient à d’autres le statut de victime.
C’est aussi une forme de racisme qui a ceci de particulier de désigner comme ennemi non pas celui ne vous ressemble pas, en raison de sa couleur de peau par exemple, mais celui qui est invisible. L’antisémitisme, c’est l’obsession d’un ennemi intérieur à qui on prête les pires intentions dissimulatrices. C’est ce besoin permanent de savoir qui est juif, de rechercher une différence insaisissable qui pousse à vouloir marquer les juifs pour les stigmatiser et leur dénier l’appartenance à la nation. C’est enfin cette violence exterminatrice qui désigne un ennemi absolu au point de vouloir de faire disparaître de la surface de la terre.
Les pouvoirs publics doivent maintenant prendre la mesure du phénomène et le faire vite. Voilà des années que nous allons de marches en recueillements, les élus de la République en tête de cortège, tous animés par les meilleurs sentiments du monde. Pourtant, l’heure n’est plus à pleurer nos morts mais à empêcher qu’il y ait d’autres Mireille Knoll dans les années qui viennent. Le moment est venu de déraciner l’antisémitisme des consciences. Sur le terrain et dans les faits, nous attendons des réponses concrètes en matière d’éducation et de justice pour que la liste de nos martyrs cesse de s’allonger indéfiniment.
Hier soir, des manifestations étaient organisées pour dire l’indignation du pays devant le retour d’un antisémitisme meurtrier qui soulève nos coeurs. La LICRA était là, sur le pavé, dans toute la France, pour manifester. Des polémiques et des incidents ont émaillé la manifestation parisienne. Aux uns et aux autres, je souhaite délivrer le message suivant. Il est d’Aragon.
« Quand les blés sont sous la grêle, fou qui fait le délicat, fou qui songe à ses querelles, au coeur du commun combat ».
Nous savons qui sont nos adversaires : les racistes et les antisémites. Nous savons quel est notre devoir : c’est la fraternité. Rien ne saurait nous divertir de notre mission, pas même la politisation excessive d’une manifestation qui invitait à la dignité, au recueillement et à la mobilisation.
Mario Stasi
Président de la LICRA
Revue de presse :
La Licra à la marche blanche en mémoire de Mireille Knoll :
Mario Stasi sur BFMTV :
Mario Stasi sur France 24 :
Mario Stasi sur i24news :
Sur lefigaro.fr : La politique perturbe la marche blanche pour Mireille Knoll
Sur la-croix.com : Mario Stasi : « La lutte contre le racisme doit devenir notre obsession collective »
Retrouvez la LICRA sur le terrain dans toute la France à l’occasion de ces marches blanches :
Licra Auvergne Rhône-Alpes : cliquez ici
Licra Nîmes : cliquez ici
Licra Bordeaux : cliquez ici
Licra Dijon : cliquez ici
Licra Toulouse : cliquez ici