Vendredi 20 septembre la Licra d’Ivry avait invité Marcel Courthiade – professeur à l’Inalco et défenseur de la langue et de la culture rromani – à venir présenter son livre « Petite histoire du peuple Rrom, première diaspora historique de l’Inde », Tout n’avait pas très bien commencé puisque la municipalité communiste avait tergiversé pour attribuer une salle à la Licra et quinze jours avant la rencontre aucune salle ne nous était affectée. Aussi la Licra a-t-elle sollicité la communauté catholique pour trouver un lieu adapté pour ce débat. Après des hésitations et en nous facturant la salle, l’église d’Ivry nous accueillait. Mieux la LDH et l’association Espéranza (solidaire des latino-américains et des Rroms) se sont joints à la Licra pour participer à la soirée et Alain David y représentait la CNCDH.
Il faut dire qu’à Ivry la présence des Rroms est ancienne et que depuis quelques années les problèmes se sont multipliés. Il y A 3 ans, un bidonville fut occupé à quelques mètres du collège Truillot et de la cité Gagarine par des centaines de Rroms et dispersé sans que de nombreuses familles aient pu voir régler leur problème de logement. Aujourd’hui en plein centre ville deux ou trois familles continuent à étaler leurs matelas pour dormir à même le macadam et Rue Pierre Semard des constructions « provisoires » accueillent une centaine de Rroms. Le maire avait courageusement affronté le problème il y a six mois en invitant Rroms et riverains à une réunion commune où il plaida pour une compréhension réciproque, mais en promettant quelques investissements qui n’ont pas tous vu le jour (douches,toilettes municipales).
Quand la mairie de Paris installa à Ivry un centre d’hébergement pour familles de réfugiés primo arrivants, le maire demanda qu’une cinquantaine de places soient réservées à des SDF parmi lesquelles il accepta de choisir quelques familles Rroms .
Le grand mérite de Courthiade fut de rappeler au cours du débat que les Rroms ne sont pas des nomades, mais presque tous des français qui aspirent comme d’autres à une vie stable et sédentaire, qu’ils sont riches d’une formidable culture multiséculaire qui s’exprime essentiellement en langue romani. Ils souhaitent s’intégrer partout où le racisme stupide et les rumeurs les plus folles ne les rejettent pas en dehors de la société. Connaître leur histoire est d’autant plus important qu’on comprend comment se sont constitués les pires préjugés au cours de l’histoire. La salle bombarda l’invité de questions notamment sur les différentes politiques d’accueil des Rroms en Europe , mais aussi sur les raisons qui poussent à user du vocable « Rrom » plutot que du mot « tsigane » ou « gitan »
Une dizaine de livres furent signés au cours de la soirée …
Abel Sorkine