Depuis dimanche, deux publications faites sur le compte Facebook de ladite fédération ont suscité une vive polémique en raison des propos tenus à l’égard de l’équipe de football de Croatie.
Ces propos, dans un texte intitulé “Le colonialisme vu sous un autre jour”, opposaient la couleur de peau des joueurs croates à celle “multicolore” des joueurs de l’équipe de France et dénonçaient une “équipe dramatiquement uniforme” avant de conclure : “quand on connaît le passé historique de la Croatie, rien de surprenant. Centrée sur les Balkans, adhérant en une époque funeste au culte du plus fort, elle cultive un jeu monocorde, sans couleur, sans saveur, riche que de lui-même”.
En tant que Président de la LICRA, je suis le garant de son unité, de son image et de sa crédibilité.
Depuis dimanche, notre légitimité et notre réputation, celle de nos militants, ont été gravement écornées par ces publications, au point que de nombreux militants, journalistes, sympathisants, mais aussi responsables publics et politiques m’ont interpellé sur la nature inepte d’une telle publication de la part d’une section de la LICRA.
Je refuse que la LICRA tienne le langage ethniciste des Indigènes de la République qui passent leur temps à opposer “blanchité” et “racisés”. Je refuse que la LICRA fasse de la couleur de la peau l’étalon à l’aune duquel se mesurerait la valeur des individus et d’une équipe sportive. Je refuse que la LICRA manque à ce point de finesse et de discernement en désignant, à la faveur d’un déterminisme stupéfiant, le peuple croate, et singulièrement son équipe de football, en tant que coupables héréditaires et éternels d’une partie de leur Histoire. Je refuse que la LICRA parle la langue de l’amalgame et de la bêtise là où sur le terrain, nos militants s’échinent à édifier des consciences républicaines et fraternelles par l’usage de la raison, de l’intelligence et de l’esprit critique.
Germaine Tillion faisait en 1941 dans La Cause de la Vérité la promesse suivante :“Sur le plan des faits : ne pas mentir, ne pas déformer, ne pas travestir. Sur le plan des idées, être de bonne foi, appeler chaque chose par son nom exact, et la juger avec une impartiale rigueur.” C’est la ligne de conduite que je me suis fixée à mon arrivée à la présidence de la LICRA et je n’y dérogerai pas.
Assurément, la Fédération de la LICRA de Paris a manqué aux obligations dévolues par nos statuts. C’est la raison pour laquelle j’ai demandé à son président de présenter sa démission ainsi que celle de son bureau. Les fonctions que nous exerçons au sein de la LICRA exigent à chaque instant que le sens de l’honneur et de la responsabilité ne soient pas de vaines proclamations.
S’il ne devait pas accéder à ma demande, je suis déterminé, avec mon équipe, à saisir les instances de la LICRA afin que le trouble cesse et que de tels propos soient sanctionnés à la hauteur du désarroi et du préjudice désormais installés dans l’opinion publique. Le Bureau exécutif de la LICRA sera consulté dans les jours qui viennent afin d’y pourvoir.
Mario Stasi
Président de la LICRA
D’accord à 100 %.