A la suite du dossier publié par Frontières le 31 janvier intitulé « Invasion Migratoire, les coupables », la Licra réaffirme son soutien aux avocats, magistrats et associations scandaleusement présentés comme des délinquants ou des complices de la violation des lois et d’une captation illégitime de l’argent public destiné à l’aide juridictionnelle en matière de contentieux lié au droit des étrangers.
La Licra s’inquiète de voir cette feuille de propagande lancer des appels à la haine contre 62 avocats assurant la défense des droits des personnes étrangères en situation irrégulière ou en demande de titre de séjour. Ces avocats sont présentés, non pas comme des auxiliaires de justice assurant leur mandat légitimement devant les juridictions, mais comme des « coupables cachés du chaos migratoire » (sic), parce qu’ils exercent pour le compte de leurs clients un droit au recours juridictionnel.
Nous rappelons que les droits d’accès à un avocat, à un tribunal indépendant et impartial, le droit au recours, et le droit de contester une décision administrative défavorable, concernant également le contentieux des étrangers, sont des droits fondamentaux protégés par notre Constitution et les engagements de la France dans la Convention Européenne de sauvegarde des droits de l’Homme. Et cela sans considération d’origine, de religion et de nationalité.
Nous nous inquiétons des conséquences des préjugés lourdement péjoratifs et des contre-vérités véhiculés par cette publication présentant les avocats comme « les coupables du chaos migratoire », les tribunaux comme « accélérateurs de l’invasion migratoire », et les étrangers demandeurs à la régularisation, indistinctement et sans nuances, comme des « hors la loi » ou des « clandestins ».
Nous mettons en garde quant au risque avéré de voir ces préjugés associant les recours des étrangers contestant un refus de séjour à une captation illégitime des fonds publics destinés à l’aide juridictionnelle, engendrer une augmentation corrélative des discours de haine xénophobe, et des incitations à la violence et à la discrimination à l’égard des personnes immigrées. Mais aussi à l’égard des personnes amenées à leur apporter aide et assistance dans l’exercice de leurs fonctions.
La Licra apporte son soutien aux personnes et institutions visées par cette publication et rappelle que le principe de non-discrimination tout comme le droit au recours, avec l’assistance d’un avocat, sont les pierres angulaires d’un État de droit, dont quiconque, y compris les étrangers, ne saurait être exclu, sauf à bafouer l’existence même de notre système démocratique.