Le rappeur français Nick Conrad a mis en ligne le 17 septembre dernier la vidéo d’un clip tourné à Noisy-le-Grand et intitulé « Pendez les Blancs ».
Les scènes d’une violence inouïe, sont accompagnées des paroles suivantes :
« Je rentre dans des crèches tuer des bébés blancs
Attrapez-les vite et tuez leurs parents
Écartelez-les pour passer le temps
Divertir les enfants noirs de tout âge, petits et grands
Fouettez-les fort faites le franchement
Que ça pue la mort que ça pisse le sang
Pendus aux arbres dans le vide sidéral
Que ces fruits immondes procurent un spectacle fascinant
Macabre effrayant visent comme ils se meuvent
Blafards et marrants
Otez-leur toute humanité
Qu’ils ne soient plus que des objets sans vie dès à présent »
Informée via les réseaux sociaux de la teneur de ce clip, la LICRA a immédiatement réagi :
« L’appel au meurtre raciste du clip de Nick Conrad est abject et d’une violence inouïe. La liberté de création, ce n’est pas la liberté d’appeler à pendre des Blancs à raison de la couleur de leur peau. La Licra saisit la justice et sa commission juridique »
La LICRA a également demandé aux plateformes en ligne commercialisant le titre de le retirer de leur catalogue. La plupart ont répondu favorablement à cette demande.
Dans la foulée, le ministre de l’Intérieur a annoncé lui aussi avoir saisi la justice. « Je condamne sans réserve ces propos abjects et ces attaques ignominieuses. Mes services œuvrent au retrait sans délai des contenus diffusés. Il appartiendra à l’autorité judiciaire de donner les suites appropriées à ces odieux appels à la haine », a écrit sur son compte Twitter Gérard Collomb.
Mario Stasi, invité de BFM TV, a rappelé la position constante et ancienne de la LICRA sur les questions de racisme anti-blancs, en rappelant notamment « qu’il s’agissait de racisme et que la loi s’applique et qu’elle ne fait pas de différence selon la nationalité, la religion ou la couleur de la peau de la victime ». La LICRA, sous la présidence d’Alain Jakubowicz, a été la première et la seule association antiraciste à investir cette question, considérant que «toutes les formes de racisme sont condamnables, d’où qu’elles viennent et indépendamment de la couleur de peau, de l’origine ou de la religion de la victime. Si le racisme anti-blanc est un phénomène relativement marginal au regard des autres formes de racisme ou de l’antisémitisme, il doit faire l’objet de la même rigueur et de la même réprobation».
Depuis hier, la LICRA a été interpellé par plusieurs articles qui s’indignaient du fait qu’une trop grande publicité avait été faite à ce rappeur. La condamnation de tels actes produit nécessairement de la publicité qui ne doit pas entraver l’action publique et le travail des associations de lutte contre le racisme. Fallait-il se satisfaire dans les années 70 du fait que Faurisson n’avait qu’une faible audience pour le laisser faire au motif que cela le rendrait célèbre ? Certainement pas.
Par ailleurs, plusieurs articles de presse mentionnaient le fait que l’origine de la publicité de cette vidéo avait été très largement le fait de la « Fachosphère » et qu’il ne faillait pas entrer dans leur logique. C’est précisément pour ne pas laisser instrumentaliser ces questions par les milieux racistes, qui partagent la même idéologie, inversée, contenue dans ce clip, que la LICRA a décidé de parler et de rendre publique cette affaire. Le silence des universalistes a trop longtemps offert aux identitaires la possibilité de détourner à leur profit ce type d’affaires.
L’analyse : « Racisme anti-blanc, un impense » par Emmanuel Debono
« La LICRA a porté plainte pour racisme anti-Blancs contre le rappeur Nick Conrad. Cette initiative lui vaut d’ores et déjà au moins deux catégories d’attaques. Les premières font entendre les sarcasmes de ceux qui estiment que l’organisation antiraciste, fondée en 1927, découvre bien tardivement le « problème ». À ceux-là, il faut rappeler que l’association n’en est pas à son coup d’essai, s’étant déjà portée partie civile à deux reprises ces dernières années dans des affaires d’agressions, et n’ayant pas hésité à intégrer la problématique dans ses discours et dans ses campagnes de sensibilisation. Ces critiques viennent pour beaucoup de la droite nationale populiste qui, historiquement hostile à la LICRA, considère que son antiracisme a toujours été odieusement sélectif. »
« À ceux-là, il faut rappeler que l’association n’en est pas à son coup d’essai, s’étant déjà portée partie civile à deux reprises ces dernières années dans des affaires d’agressions, et n’ayant pas hésité à intégrer la problématique dans ses discours et dans ses campagnes de sensibilisation. »
Revue de presse
SudOuest avec AFP – « Pendre les blancs », le clip d’un rappeur fait scandale, le parquet de Paris ouvre une enquête
Libération – Y a-t-il déjà eu des condamnations en France pour « racisme anti-blanc » ?
il est inadmissible qu’un tel texte puisse être divulgué sur les médias. Sinon, nous entrons dans une ère de barbarie, une ère d’intolérance qui sont les prémices d’une société décadente et violente. Il est très important de sanctionner rapidement et sévèrement les propos et les personnes auteurs de ces faits. De grâce, éviter de faire de la pub et de trouver les meilleurs défenseurs de ces mauvaises choses.
La jurisprudence est plutôt souple, les condamnations sont très légères.
Pour rappelle d’autres procès, d’autres rappeurs ont fait l’objet de procédure et il en résulte que les juges considérent que ce n’est pas vraiment de la provocation à la violence mais l’expression du malaise d’une partie d’une génération. Les clips sur YouTube sont bien souvent des fictions.
Affaire à suivre ….