Par Mario Stasi, Président de la Licra
Mes amis,
Ce mardi 22 septembre 2020, j’ai eu l’immense honneur – et surtout l’immense responsabilité – de vous représenter à la barre de la cour d’Assises spécialement composée et chargée de juger des responsabilités dans les attentats de 2015. Après “Charlie”, l’ordre du jour est désormais consacré à l’attentat terroriste islamiste perpétré à l’Hyper Cacher le 9 janvier 2015.
Mon propos a été de rappeler que la LICRA est aux côtés des victimes de ce crime antisémite. L’assassin Amedy Coulibaly avait dit au moment de passer à l’acte « ce que je déteste le plus en vous c’est que vous êtes : juifs et Français ». L’universalisme veut que tous les Français soient juifs quand il y a un attentat antisémite. Quand un juif est atteint, c’est la République, la France entière qui est abîmée. Ce procès doit être un moment d’éveil, de réveil. Je voudrais que nous puissions dire haut et fort : aujourd’hui, nous sommes juifs et Français.
J’ai voulu rappeler également que, de l’expérience que nous avons acquise à la LICRA depuis 1927, notamment aux procès Barbie, Touvier, Papon, Merah, aux procès des génocidaires des Tutsi, c’est que le crime de haine ne connaît pas de petites mains. La main de l’antisémite qui tue est soutenue par une multitude de mains complices, une mécanique où chacun a sa part de responsabilité dans l’acte final qui est commis ou dans le fait de ne pas l’avoir empêché. Si l’un des chaînons manque alors le but poursuivi est anéanti.
En votre nom, j’ai tenu à dire qu’une vérité judiciaire, aussi importante soit elle, n’est pas une fin en soi, et que nos marches blanches de douleurs et de colère pourraient ne mener nulle part s’il n’y a pas une volonté politique claire et assumée de combattre partout l’antisémitisme.
J’ai voulu appeler à la responsabilisation de la société devant la prolifération de l’antisémitisme sur les réseaux sociaux ou dans la musique. Car ce que l’Histoire nous a appris, c’est que l’ensauvagement des mots prépare et féconde toujours, sans exception, l’ensauvagement des actes.
Je veux remercier enfin très amicalement nos avocates, Me Galina Elbaz et Me Yaël Scemama, qui nous représentent chaque jour à ce procès historique, avec constance, engagement et détermination.
Fidèlement,
Mario Stasi,
Président de la LICRA