La laïcité française, dont la loi de 1905 a posé les fondements juridiques, se trouve confrontée à un environnement nouveau dont Laurent Bouvet dessine les contours tout en réaffirmant la pertinence.
En une bonne trentaine d’années, tout a bougé autour de la laïcité. Longtemps cantonnée à la question scolaire et à ses querelles récurrentes, elle a vu son champ d’action et d’invocation bouleversé depuis la fin des années 1980. C’est ce décor nouveau que Laurent Bouvet propose de camper dans ce livre dense et documenté. Son auteur décline donc les registres successifs qui ont accompagné ce changement de paysage en évoquant d’abord le « tournant identitaire français » qui a vu l’émergence de l’islam comme deuxième religion de France dans un contexte où les affirmations culturelles de toute sorte s’imposaient dans le débat public.
Politisation de la laïcité
La politisation de la laïcité sous de nouveaux critères s’est peu à
peu imposée, bouleversant là encore des schémas anciens. Et on serait bien en
peine de retrouver aujourd’hui les positionnements laïques de jadis des
différents partis de gauche comme de droite, d’extrême gauche comme d’extrême
droite. Au-delà de ces dimensions très franco-françaises, la
« normalisation libérale » a aussi produit ses effets, sous
l’influence de préconisations juridiques européennes et internationales tandis
que la philosophie anglo-saxonne des rapports sociaux gagnait en audience.
C’est l’ensemble de ces données que Laurent Bouvet analyse en fournissant de
très utiles références, notamment celles émanant des courants qui promeuvent
l’abandon de la laïcité à la française au profit d’un multiculturalisme plus ou
moins assumé. Mais il affirme – nul ne s’en étonnera – sa conviction
que c’est autour des principes humanistes, universalistes et républicains que
la laïcité retrouvera sa capacité à produire du « commun » politique
et social.