Le confinement imposé par le coronavirus a mis notre pays, en partie, à l’arrêt. Il est singulier de voir que nous sommes engagés contre un virus dans une guerre où l’arme principale est de devoir rester chez soi. C’est une drôle de guerre qui crée un contexte nouveau, notamment en matière de diffusion de l’information sur les réseaux sociaux. Confinés, nous sommes aussi davantage connectés. L’audience sur les réseaux sociaux est évidemment en pleine croissance. Cette situation inédite n’a pas échappé aux fauteurs de haine, aux pourvoyeurs de racisme et d’antisémitisme, aux dealers de complotisme. Pour eux, le coronavirus mêlé à la nécessité sanitaire du confinement a créé un effet d’aubaine dans une société plus fébrile et plus sensible. Comme nous le rappelle Conspiracy Watch à la faveur d’un entretien avec Pierre-André Taguieff, nous assistons “au partage massif, sur les réseaux sociaux, de posts accusant Agnès Buzyn, son époux Yves Lévy ou encore l’actuel directeur général de la santé, Jérôme Salomon, d’avoir une responsabilité majeure dans l’épidémie de coronavirus actuelle quand on ne leur reproche pas carrément d’avoir comploté pour l’aggraver ou même de l’avoir créée de toutes pièces. Des montages violemment antisémites accompagnent cette fièvre inquisitrice. » L’économie numérique du mensonge ne s’est jamais aussi bien portée, avec, comme toujours, un réflexe d’antisémitisme qui vient empuantir une ambiance déjà lourde.
Confinés et connectés, nous avons, en tant que militants universalistes, le devoir de ne pas laisser le monopole de la parole aux discours de haine. C’est par l’engagement massif de chacun sur les réseaux sociaux qu’il nous faut agir. Il est urgent de mettre en place des gestes barrières, numériques, contre la prolifération de contenus qui fracturent le pacte social et dont nous avons trop longtemps sous-estimé le caractère dangereux. Nous avons un devoir de vigilance et un devoir de conviction. La vigilance consiste à prendre le temps de signaler les contenus manifestement illicites et à mettre à distance ces contenus qui propagent les préjugés et essaiment le rejet de l’autre, distillent le poison du racisme et de l’antisémitisme parmi les consciences de la jeunesse. La conviction consiste à ne pas laisser le dernier mot à ceux qui se sont arrogés une forme de monopole sur les réseaux sociaux : nous devons faire entendre notre voix, celle de la raison, celle de l’universalisme, celle des principes républicains, celle de la démocratie. La conviction consiste à répondre point par point au tintamarre des populismes qui voient dans cette épidémie la porte étroite menant à l’exercice du pouvoir.
Au-delà de la longue liste de ceux qui auront perdu la vie, cette crise ne nous laissera pas indemnes. Elle va changer notre regard sur l’autre. Elle a rendu visible un cortège d’invisibles dont nous avions oublié le rôle essentiel dans la conservation de nos vies : les soignants, les personnels des supermarchés, les éboueurs, les agents des transports publics, les personnels qui assurent la sécurité civile. Le soutien du pays derrière ceux qui chaque matin, bravent la peur pour accomplir leur mission, est une exigence qui doit faire taire les instrumentalisations électoralistes et les inspirations de nos pires démagogues.
Comme toutes les crises, elle peut constituer un basculement, du bon, ou du mauvais côté. Nous vivons un choc qui peut produire de la tétanie ou de la résilience. Nous avons, chacun, entre nos mains, une partie de la réponse pour faire surgir le meilleur de nous-même, pour faire avancer nos idées, pour faire reculer ceux qui, opportunistes, tentent de faire basculer l’opinion.
l’antisémitisme , le racisme , le machisme, la haine de l’autre sont les symptômes des dérèglements des esprits – il faut admettre que comme dans tous les domaines, la société a ses déchets et ses esprits malades ; c’est évidemment triste mais il faut être réaliste et ne pas donner de l’importance à ces haineux . Il me paraît préférable de rappeler ces mots de Saint-Exupéry : ” si tu es différent de moi, mon frère, loin de me léser, tu m ‘ enrichis ” ….
Il faut leur donner de l’importance, parce que les mots précèdent et engendrent souvent les actes. Avant de passer à l’acte, Mohamed Merah et Kobili Traoré (par exemple) ont bien été inspirés par un discours, par une idéologie .
De Dieudonné et de Jacques Vergès des stars médiatiques (erreur de frappe)
Les réseaux sociaux n’ont pas l’apanage des discours de haine et de l’extrémisme. Qui autrefois a fait de Dieudonné et de Jacques Vergès le défenseur de Klaus Barbie ? Des médias tout ce qu’il y a plus de traditionnel : presse, TV, radio…Aujourd’hui ce qui était l’exception est devenu la règle : qui sert de tribune aux discours des fascistes indigénistes ou de leurs sectateurs ? BFMTV, CNews, LCI, France Télévisions, France Culture, France Inter, Le Point, Le Monde, Jeune Afrique, Télérama, Les Inrockuptibles etc..Il faudrait même ajouter le monde du spectacle et de l’édition. La haine sur les réseaux sociaux (dont j’ai moi-même signalé des contenus racistes sans grand résultat…) ne représente que l’écume de la vague.
Bonjour,
Merci Monsieur Stasi.
Effectivement, le Nouveau Monde est à bâtir, à nous de choisir entre le meilleur ou le pire
Plus de solidarité, plus de respect des autres, plus de tolérance,
Nous avons bien reçu votre message
De nouveau merci
Merci Mario de nous encourager à utiliser les réseaux sociaux. C’est là que se passe et on ne peut se dispenser d’être sur Twitter et Facebook, c’est là que l’on fera entendre notre voix et que l’on fera taire les voix toxiques.
Merci cher Mario Stasi de ce texte important. en effet nous devons redoubler d’effort et rester en veille. Comment pas ailleurs ne pas se poser des questions quant aux messages, anonymes naturellement, mis là sur un pare-brise d’une voiture, ici sur la porte d’un appartement, d’un soignant, lui demandant de partir au prétexte de la santé de ces anonymes. Sinistres messages qui nous rappellent d’autres sinistres messages…
Bonjour.
Ce qui me surprend c’est le comportement de certains d’entre nous;des voisins qui ne prennent pas de nouvelles!!qui n’en donnent pas non plus ;je suis étonnée ,je trouve cela infantile et donc c’est périlleux car la peur est telle que nous ne sommes pas créatifs ;nous ignorons que cette ambiance muette peut devenir brutalement violente,car rien n’est sous contrôle en fait de façon vivante et créative; or nous avons des moyens de communications qui peuvent soutenir la patience ,mettre à distance la tristesse etc.
S.L