Communiqué de la FONDATION DU CAMP DES MILLES – MÉMOIRE ET ÉDUCATION. Ce mercredi 14 février 2024, la Fondation du Camp des Milles a tenu à s’associer à la journée d’hommage national en mémoire de l’ancien Garde des Sceaux Robert Badinter.
Un hommage commun à la cour d’Appel d’Aix-en-Provence
Un temps de recueillement commun fut tout d’abord organisé à la Cour d’Appel d’Aix-en-Provence. Aux côtés de Renaud Le Breton de Vannoise, Premier Président, de M. Frank Rastoul, Procureur Général et de Maître Monika Mahy Ma Somga, Batonnière, magistrats et avocats, personnels de justice et salariés de la Fondation du Camp des Milles accompagnant leur président Alain Chouraqui, se sont ainsi réunis dans la salle des pas perdus de la Cour.
Avant la minute de silence, la voix de Robert Badinter résonna pour rappeler l’importance de l’Etat de droit et des valeurs démocratiques : « La démocratie implique au départ, l’élection de ses dirigeants à intervalle régulier. Le suffrage universel étant l’expression première du droit du peuple, souverain, à désigner ses dirigeants. Est-ce à dire pourtant que ces élections suffisent à elles seules à assurer les libertés publiques et individuelles ? La réponse est évidemment non. (…) Il n’y a pas de démocratie contemporaine sans État de droit fondé sur les libertés. Et pas de libertés non plus hors d’une démocratie respectueuse de l’État de droit ».
Pour rappel, ces propos avaient introduit le colloque « Forces et faiblesses de l’Etat de droit » organisé au Site-mémorial par la Fondation du Camp des Milles avec la Cour d’appel d’Aix-en-Provence, et en partenariat avec la Faculté de droit et de science politique d’Aix-Marseille, l’École nationale de la magistrature et l’Ordre des avocats d’Aix-en-Provence.
Un hommage au Site-mémorial du Camp des Milles en présence de 200 collégiens et stagiaires en formation.
L’après-midi, l’ensemble du personnel de la Fondation, quatre classes de collégiens de la région lyonnaise ainsi que des stagiaires en formation de l’Institut Régional du Travail Social (IRTS) de Marseille se sont regroupés dans l’auditorium du Site-mémorial.
Alain Chouraqui explicita les raisons d’un tel hommage au camp des Milles : « La première est que Robert Badinter était un repère fort pour nos valeurs démocratiques et nos libertés. Quand on réfléchit bien, on ne trouve pas d’hommes repères aussi forts aujourd’hui, aussi clairs dans leurs engagements, dans leur histoire personnelle, sur ces valeurs qui nous sont chères : les valeurs républicaines, les valeurs démocratiques, les libertés, les conditions de la démocratie et notamment l’importance d’une justice et d’une presse indépendantes, et de la liberté de conscience… C‘était une personnalité difficilement dépassable du fait de son histoire et de son engagement. La seconde raison, en lien avec la première, est la marque qu’a laissée en lui-même la Shoah et son histoire personnelle. Il a su tirer de l’horreur de la seconde guerre mondiale et de la Shoah, des leçons pour aujourd’hui, les leçons pour être vigilant, l’énergie pour combattre, pour ne pas attendre trop tard pour lutter contre les extrémismes identitaires et en particulier l’antisémitisme et les racismes ». On sait que c’est aussi l’approche que transmet quotidiennement la Fondation du Camp des Milles dans sa muséographie et ses formations.
L’une des dernières interviews de Robert Badinter fut diffusée permettant aux jeunes gens de découvrir une haute personnalité humaniste, défenseur infatigable de la démocratie et de l’Etat de droit, y compris du droit fondamental et premier qu’est le droit à la vie qui le conduisit à son combat contre la peine de mort. Face à la montée des actes et violences antisémites, il notait que :« cela montre la constance de l’antisémitisme, c’est-à-dire à la fois de la sottise humaine, en même temps que de la sottise, de la haine et du préjugé imbéciles qui ne devraient pas avoir leur place dans une démocratie ».
Et parlant de la marche du 12 novembre 2023 pour la République et contre l’antisémitisme, suite aux attaques terroristes du Hamas, il déclarait « J’ai constaté que les justes causes résonnent encore dans le cœur des français, c’est une prise de conscience et un avertissement ».
Pour résumer ses convictions pour l’abolissement de la peine de mort, il soulignait : « J’ai essayé de transformer la justice en une justice plus juste et plus humaine » tout en constatant sobrement que « l’homme est un animal qui tue (…) et que si la France devenait demain une dictature fascisante, il y aurait le rétablissement de la peine de mort »
La Fondation du Camp des Miles continuera à porter et prolonger l’esprit de résistance et de justice de ce grand homme, de ce sage engagé dans le monde. Pour que nous puissions tous continuer de vivre libres et dignes malgré les menaces croissantes contre les valeurs des Lumières.
Contact presse
Claudie Fouache
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