Nous sommes en Suède, l’année scolaire vient de se finir. Keith (Arthur Gomez), Anders (Axel Giudicelli) et Ismaël (Alexandre Gonin) trompent leur ennui à coup de concours de bières. Surgit inopinément Karl (Édouard Eftimakis), un garçon brillant de leur classe, né en Corée et adopté par une famille suédoise. La haine du trio à son égard s’enflamme et ils le contraignent à leur tenir compagnie. Le racisme et le nationalisme explosent dans la conversation, doublés de l’irascible jalousie que les trois garçons ressentent à l’égard de Karl qui a grandi dans une famille stable, riche et qui ne manque de rien.
Rencontre avec l’équipe de cette pièce tirée d’un roman de Lars Noren
Le regard de Déborah Broyer, Licra Auvergne Rhône-Alpes
3 jeunes lycéens désabusés, relégués socialement, éméchés après quelques dizaines de bières, traînent leur ennui dans la forêt. Dès les premières minutes de la pièce ils font quelques allusions au nationalisme et à la grandeur des suédois blancs. Puis, un de leur camarade d’origine coréenne passe et devient leur souffre-douleur. Il ne parviendra plus à s’extraire de cette scène d’une violence qui va crescendo, du salut nazi aux propos sur la stérilisation, les coups pleuvent, jusqu’à l’inéluctable…
On ressort mal à l’aise, comme sonné par tant de violence. Sonné de réaliser que cette violence contenue pendant une partie seulement du spectacle, est bien celle des mouvements nationalistes européens. Est-elle aussi contenue, mais jusqu’à quand ? Car le scénario repose sur un fait divers du débat des années 80, le réalisme du spectacle nous bouscule, les insultes et les coups nous atteignent et réussissent leur objectif : nous faire ressentir toute la violence de la haine de l’autre, violence qui peut mener, à l’échelle individuelle comme collective, jusqu’à l’irréparable.
Les artistes proposent leur spectacle en lycée, avec un dossier pédagogique qui accompagne et prépare les élèves à cette découverte d’un condensé de la violence nationaliste. Presque une histoire de la violence racontée en une heure à travers ce fait divers tragique.
Le Collectif “La fièvre”
La Fièvre, 56 avenue Simon Bolivar, 75019 PARIS, 06 73 10 41 00