Théâtre La Luna du 7 au 30 juillet à 20h 10 de Donald Freed. Mise en scène William Mesguich Avec Nadège Perrier et Hervé Van Der Meulen.
On sort de la représentation de la pièce de Donald Freed « Le corbeau blanc « mise en scène par William Mesguich troublé .
Disons d’emblée que la pièce est remarquablement jouée par Nadège Perrier et Hervé Van Der Meulen , ce dernier dans le rôle d’Adolf Eichmann au début de sa détention à Jérusalem , et la première dans celui , inventé par l’auteur américain , d’une psychologue israélienne venue explorer les mécanismes qui ont pu faire d’un homme ordinaire un monstre .
Les acteurs donnent à la tension entre ces deux images du bien et du mal qu’ils incarnent une acuité extrême, Eichmann louvoyant en permanence et tentant des incursions dérangeantes dans l’ironie , tour à tour enjôleur et venimeux face à la psychologue imaginée par Freed , acharnée à lui faire reconnaître sa responsabilité pleine et entière dans l’organisation du génocide .
Sauf , et c’est ici que se situe le trouble , que l’auteur nous entraîne dans un huis clos somme toute difficilement crédible .
Car on peine à le suivre dans la démarche qu’il assigne au personnage fictif de la psychologue , consistant à faire naître en Eichmann un sentiment de culpabilité salvatrice qui lui permettrait de retrouver une place au rang des humains , démarche qui s’avérera naturellement vaine.
Il reste que son texte , fort bien servi par les acteurs , a le mérite de décortiquer avec précision la logique de haine ayant abouti à la Shoah et le rôle d’Eichmann dans sa mise en œuvre .
Yves Rutkowski