Nous pouvons entendre la volonté de Monsieur Grégory Doucet, maire de Lyon, de marquer les 30 ans des accords d’Oslo, qui souleva un important espoir de paix quant à la situation conflictuelle au Proche-Orient. La composition de l’affiche d’une conférence qui doit prendre place à l’hôtel de ville le mercredi 1er février 2023 pose toutefois au moins deux réactions immédiates.
La première est le choix des invités : pourquoi faire entendre les voix de représentants d’un unique bord, alors que l’accord de 1993 mobilisa Palestiniens et Israéliens ? Pour traiter d’un tel sujet, le contradictoire est une règle de débat fondamentale, sous peine de basculer d’emblée dans la propagande.
La seconde touche à l’invitation particulière faite à Salah Hamouri, qui a été condamné pour ses activités terroristes. Que l’activiste ait purgé sa peine nous paraît un argument des plus faibles pour justifier sa présence dans une telle réunion, de surcroît dans un bâtiment de la République française.
Si l’équipe municipale avait pour objectif de contribuer à éclairer avec honnêteté les citoyens sur une situation géopolitique dont il faut souligner l’immense complexité et les réactions passionnées qu’elle suscite dans l’opinion, elle devrait songer dès à présent à réviser sa méthode.
Si la même équipe veut éviter d’enflammer le débat public et se tenir à l’écart de toute importation, en France, du conflit israélo-palestinien, et de toutes formes d’instrumentalisations militantes, on conviendra qu’elle a fait preuve d’un amateurisme coupable.
Si sa finalité est de poursuivre, sur ces questions, un dialogue fructueux, sans écorner ni la recherche de la vérité ni celle de la justice, on ne peut que regretter mais aussi condamner l’esprit de provocation et l’approche idéologique qui ont présidé à l’organisation de cet événement.
Ardente défenseure du dialogue et de la liberté de parole, la Licra juge sévèrement cette initiative, maintenue en dépit des critiques légitimes qui ont été exprimées et des échanges engagés avec le maire. Elle regrette un parti pris qui dessert le dialogue, la compréhension de tels enjeux géopolitiques et la paix, tout en prenant le risque de créer de graves atteintes à l’ordre public. Une telle initiative ne peut que conduire au durcissement des positions de chacun. La Licra demande une nouvelle fois au maire de Lyon de renoncer à cette conférence.