Avec la mort de Charles Aznavour, la chanson perd un géant. La République perd un fils et la LICRA perd un ami, un compagnon de route antiraciste attaché à l’universalisme, à la défense des droits de l’Homme et aux combat contre les extrémismes.
Evidemment, les chansons de Charles Aznavour ont rythmé la vie de plusieurs générations et le timbre si particulier de sa voix a résonné avec nos joies, nos tristesses, nos espoirs, faisant vibrer « toutes les bohèmes » au rythme des passions humaines.
Mais il y a aussi l’homme dont la vie a épousé celle du XXème siècle. Celle de cet enfant né à Paris en 1924 d’une famille arménienne stambouliotte ayant fui le génocide arménien et qui rêvait d’Amérique. Celle de la famille Aznavourian cachant des Juifs sous l’Occupation pendant trois ans, au péril de leur vie et dont le courage fut récompensé par la médaille Raoul Wallenberg décernée par le comité du même nom basé à New York. Celle aussi de cet homme engagé pour les valeurs qui ne rata aucun des combats de la LICRA et qui, à chaque fois que les circonstances l’exigeaient, répondait toujours présent, comme ce 14 janvier 1980 où il lance la « Marche pour la survie au Cambodge « , avec Bernard-Henri Lévy, Claude Malhuret, de membres de Médecins sans frontières, et de Jean Pierre-Bloch, président de la Licra.
La vie de Charles Aznavour fut enfin, aussi, et surtout , celle de textes engagés pour l’universalisme : « Comme ils disent », texte précurseur sur l’homosexualité, « Ils sont tombés » sur le génocide arménien, « J’ai connu », chanson dédiée à son ami Jean-Pierre Bloch ou encore « Les Emigrants » récompensée par la LICRA en 1987.
A l’initiative de Claude Pierre-Bloch et de Martine Benayoun, la LICRA devait de nouveau lui rendre hommage en lui remettant au Ministère de la Culture en décembre prochain le Prix Jean Pierre-Bloch. Nous lui rendrons hommage d’une autre manière pour saluer l’homme, l’humaniste et l’ami.
Mario Stasi, Président de la LICRA
Aznamour