Nous traversons une épreuve, qui, brutalement, nous oblige au confinement et à la mise à distance, à l’abrogation provisoire de notre liberté de déplacement. Nous sommes des êtres sociaux pour lesquels cette exigence n’est pas naturelle : il faudra pourtant s’y résoudre avec une infinie rigueur si nous voulons relever le défi qui s’est imposé à nous de manière intempestive. Cette pandémie nous ramène finalement à une réalité simple : celle de notre condition humaine, fragile et vulnérable. Elle nous rappelle aussi que pour faire face, il n’existe pas d’autre voie que celle de la fraternité.
Tous les égoïsmes sont des impasses qui profitent à l’adversaire, aggravent les pénuries et créent des tensions inutiles. Nous réalisons soudainement que la solution est collective, que chaque individu est la part d’un ensemble plus vaste envers lequel il a des devoirs. Nous réalisons que chacun détient une part d’une solution profitable à tous, que le comportement d’un seul est utile au plus grand nombre. Si ce virus appelle, on l’espère au plus vite, la production de vaccins, il doit aussi produire une réponse immunitaire d’une autre nature : celle de la disqualification du racisme et de l’antisémitisme ; celle qui consiste à considérer que face au péril, nous avons enfin réalisé que l’autre, confiné à côté de soi, mon égal, est dans la même situation que moi, que la maladie peut le frapper indépendamment de la couleur de sa peau, de sa religion, de son origine.
En définitive, cette épreuve doit être la piqûre de rappel d’une idée simple : celle de notre dénominateur commun. Nous sommes tous dans le même bateau et il n’existe aucun principe plus sacré que l’unité biologique du genre humain. Évidemment, ce serait naïveté que de ne pas voir ce que la situation peut produire de pire. Les antisémites attribuent aux Juifs l’origine du virus et les racistes pensent que telle catégorie de la population, en raison de son origine ou de la couleur de sa peau, serait prédisposée à désobéir aux recommandations du gouvernement. Sur les réseaux sociaux, le complotisme, tel un vautour, s’est emparé du sujet. On a vu surgir la désinformation, le goût de la manipulation. Les boucles de nos messageries reçoivent des recommandations prétendument médicales et s’avèrent en réalité totalement mensongères et grotesques. Notre raison est elle aussi mise à l’épreuve. Nous voilà, sur les pas de Marc Bloch, à devoir appliquer la méthode de l’historien : « une affirmation n’a le droit de se produire qu’à la condition de pouvoir être vérifiée ; et pour un historien, s’il emploie un document, en indiquer le plus brièvement possible la provenance, c’est‑à‑dire le moyen de le retrouver, équivaut sans plus à se soumettre à une règle universelle de probité. Empoisonnée de dogmes et de mythes, notre opinion, même la moins ennemie des lumières, a perdu jusqu’au goût du contrôle. ».
Il y a ce que nous pouvons faire. Il y a ce que nous devons combattre. Et puis il y a les soutiers : ces personnels de l’Etat, ces soignants, ces salariés de l’industrie agro-alimentaire, ces facteurs, ces agents d’entretien, ces conducteurs de bus, qui sont en première ligne, à qui nous devons désormais tant et qui sont les maillons d’une chaîne d’union entièrement dévouée à la conservation de nos vies. Il faut les saluer, les soutenir, les applaudir, infiniment, à 20 heures, chaque soir, aux fenêtres et aux balcons du pays. Mais pas seulement. Il faut tout simplement rester chez soi pour alléger leur tâche et diminuer l’intensité du fléau qui nous frappe. Tout simplement, mais fermement, avec l’espoir que ce confinement portera vite ses fruits. « Rassemblez vos forces pour l’aube, car l’aube viendra » (Winston Churchill).
Bonjour Licra , Président Mario Stasi , merci pour vos nouvelles ,
ici , on s’adapte et on résiste mais chacun doit y oeuvrer , le travail doit se faire ,
je n’ai que 2 frères , mais bien plus en réalité ,
je n’ai qu’une fille , mais elle est avec un groupe d’amis ,
je compare ma réalité et celle décrite avec Alberto Caeiro , la lecture est aussi un bon ami , en ce moment de solitude relative ,
bon courage à toutes et à tous , association Licra , ce n’est pas la première épreuve traversée par cette association depuis 1927 ……..
sylvie lucie adhérente Licra depuis 2004 .
Je souscris pleinement à vos propos et je dis simplement de tout mon coeur : magnifique
Merci
Je suis entièrement d’accord mais j’aimerais aussi saluer les organismes de Sécurité Sociale.
Vous ne le savez peut-être pas mais tous les agents des services de production travaillent chez eux (remboursements de soins, versement des indemnités journalières, gestion des dossiers des bénéficiaires (maj de RIB, état civil, déclarations de grossesse, déclarations de nouveau-né, ouverture et prolongation des droits…), ouverture de droits à la Complémentaire Santé Solidaire (ex-CMU/ACS)… Qui paie les hospitalisations des assurés aux établissements à votre avis ?
Tous les téléconseillers sont sur le pont et répondent de chez eux au téléphone.
On a tendance à oublier que la Sécu c’est aussi des gens qui y travaillent et qui font fonctionner le système.
Tous les salariés des services production sont en télétravail, comme si de rien n’était. Pour vous c’est transparent.
Supprimez-les et vous n’aurez rien.
Bonjour,
Merci pour ce magnifique texte. Tout est dit : rien de trop, rien de moins.
C’est vrai nous traversons tous une épreuve, collective et individuelle. Mais ce confinement rendu nécessaire par cette situation sanitaire exceptionnelle, peut aussi être l’occasion, l’absolue nécessité de faire un retour sur nous-mêmes et de faire fonctionner notre conscience, celle de la condition humaine (cf André MALRAUX).
Vous l’avez écrit, et je l’ai constaté moi-même, des propos immondes, mensongers, circulent.
Devant cette maladie, nous sommes tous égaux car là il ne s’agit pas d’avoir les moyens de se soigner. Ce n’est pas une affaire d’argent, car sur ce virus les médecins et les chercheurs sont encore bien démunis. En revanche, tous les moyens matériels possibles doivent être engagés pour permettre aux chercheurs, d’avancer et de trouver.
Mais une fois de plus les plus démunis, les SDF sont encore plus fragiles et moins protégés que les autres. A la maladie, s’ajoute en plus la pauvreté, la double peine quoi.
D’où cette notion de la nécessaire solidarité, qui s’impose à nous.
Merci d’avoir cité Marc BLOCH pour rappeler que l’histoire ne s’appuie que sur des faits véritables, vérifiables, et donne ses sources.
Quant à Winston CHURCHIl, merci aussi d’avoir rappeler ses paroles : “Rassemblez vos forces pour l’aube, car l’aube viendra”.
Cela c’est l’espoir au bout de la nuit (encore Malraux), et nous devons y croire. Cette aube là viendra.
Merci pour ce rappel de choses que beaucoup ont pu oublier. l’essentiel est la valeur humaine et la solidarité que nous devons avoir.
puissions nous sortir de cette période plus forts, plus unis, plus fraternels
Merci Mario , ces paroles sont un vrai soutien et un rappel indispensable de ce qui nous rassemble . Puissent elles aller au delà du cercle des adhérents LICRA , elles n’auront jamais la vigueur contagieuse du virus qui nous assaille , mais elles doivent circuler encore et encore.
Françoise , LICRA BAS RHIN
Superbe texte !!! Cette période est une ouverture à l’innovation, puisque ce qu’aucun gouvernement n’osait faire pour la planète est arrivé : préparons aujourd’hui demain dans nos entreprises, qui doivent elles aussi accepter, comme tous ceux que vous citez, de faire leur part en utilisant tout ce que ce virus nous permet d’observer quant au nécessaire et au futil. Et cessent de produire le superflu et l’inutile !
Magnifique !
Merci.