Nathalie JOLY, dont la LICRA avait aimé la trilogie Yvette, Yvette, Yvette, donnée l’an dernier à la Cartoucherie de Vincennes, présente cette année, à l’espace Roseau – Pétramale, Café polisson, spectacle créé au musée d’Orsay pour l’exposition « Splendeurs et misères, images de la prostitution 1850-1910 ». On rit de bon cœur, séduits par la virtuosité et la liberté de ce répertoire des « chansons canailles » du Paris de la Belle Époque, drôles et incroyablement crues sans jamais être vulgaires, et par le courage un peu crâne de la metteuse en scène et chanteuse ainsi que de sa joyeuse troupe de musiciens. Mais à mesure que le spectacle avance, l’image de ces femmes se transforme ; la gaudriole et l’affectation de bonne humeur s’effacent devant la liste détaillée de plaisirs froidement tarifés ou l’évocation des maladies vénériennes, de la violence et des humiliations qui sont le lot des « pierreuses, gommeuses » et autres courtisanes. Peut-on dire que me too est passé par là ? En tout cas, cette défense des victimes de l’une des plus anciennes discriminations qui ait jamais existé sur terre ne peut laisser indifférents les militants de la LICRA.
Abraham BENGIO