Nous vivons une pandémie mondiale. Comme une crue centennale, nous voyons l’épidémie, chaque jour, dépasser la côte d’alerte dans nos hôpitaux, dans nos maisons de retraites, à la maison. Avec ce virus, nous redécouvrons, massivement, la peur liée à la fragilité de nos vies. La mondialisation hyperconnectée et la révolution numérique nous avaient donné le sentiment d’une grande invincibilité. Nous prenons conscience, brutalement, de l’immense vulnérabilité de la condition humaine. Nous étions entrés dans l’ère de l’hypermobilité d’une société, haletante, sans cesse en mouvement. Nous voilà, pour la majorité d’entre-nous, immobiles, confinés à domiciles, réduits à attendre sans bouger que la vague passe, à applaudir chaque soir à 20 heures, statiques et impuissants, ceux qui sont sur le front de la lutte contre la maladie.
Cette crise ne nous laissera pas indemnes. De cette période si particulière, je crois – et j’espère – que nous allons sortir transformés, que certaines de nos certitudes vont être durablement renversées. Comme l’écrivait Churchill à l’été 1940, seul dans la bataille d’Angleterre, « jamais tant de gens n’ont dû autant à si peu ». Nous réalisons soudainement que la fraternité n’est pas délocalisable, que nos premiers de cordée sont soignants, infirmiers, médecins, brancardiers, pharmaciens, ouvriers, pompiers, policiers, gendarmes, livreurs, paysans, boulangers, salariés de la grande distribution, éboueurs et tous les soldats inconnus de cette drôle de guerre. Nous découvrons que sans leur mobilisation générale, sur le terrain, en bas de chez nous, nos vies, à l’arrière, seraient rendues tout simplement impossibles. La crise va créer une dette immense qui, contrairement à la dette publique, ne pourra pas être restructurée : c’est une dette de reconnaissance envers ceux qui ont assuré, par leur dévouement et leur esprit de sacrifice, le combat contre l’épidémie, dans des conditions matérielles que chacun connaît désormais.
Cette crise, si nous n’en prenons pas la mesure, va créer de la peur, de l’inquiétude et finalement du ressentiment et du repli sur soi. Sur les réseaux sociaux, les discours de haine désignent à la vitesse de la fibre optique des ennemis éternels et immuables. Les populistes et leur brouet xénophobe, raciste et antisémite, sans presque rien faire et comme à leur habitude, tirent profit de cette inflammation et engrangent déjà les bénéfices de cette crise pour asséner des coups contre nos démocraties et espèrent bien récolter le fruit de leur stratégie du mensonge et de la tromperie.
À la sortie de cette crise, que chacun espère proche, nos exigences collectives seront fortes. Il s’agira de tirer les leçons, toutes les leçons, à l’égard de ceux qui ont fait honneur à leur profession, à leur mission et à leurs devoirs envers l’Humanité. Il s’agira de démontrer à tous que la fraternité a été notre valeur refuge pour y faire face. Il s’agira aussi de disqualifier, partout où ils s’expriment, ceux qui véhiculent l’esprit de défaite, ceux qui, nos morts à peine enterrés, ont tenté d’en tirer un profit démagogique et électoraliste, ceux qui ont tenté, avec une forme de traitrise, d’affaiblir notre démocratie en applaudissant aux huées fanatiques trempées dans le racisme, l’antisémitisme et à tous ces mots qui sont venus aggraver nos maux.
Texte très émouvant, humain et fraternel. Merci Mario.
Bonjour,
Très bonne analyse.
L’heure est à la solidarité, et au dévouement total vers les autres, sans calcul.
Bon courage à une humanité unifiée dans ce combat, je l’espère.
Cordialement,
Didier HADDAD TOULOUSE
Merci Mario pour ce tres beau texte sur l’engagement. J’ai une pensée pour d’autres engagés, qui méritent notre reconnaissance,
policiers et gendarmes, qui paient un lourd tribu, j’en suis témoin,
Présidence et Gouvernement, qui travaillent d’arrache-pied pour prendre les meilleures décisions, au bon moment
aux Hauts Fonctionnaires, qui préparent les notes qui permettent aux élus de décider
au Comité scientifique qui élabore, lourde responsabilité, les avis
à toutes celles et tous ceux, qui montre que Service Public veut dire “au service du public”, le matin, les éboueurs passent, le facteur revient, on clique sur “envoyer” sans penser à ceux qui permettent à Internet-ou au téléphone- de continuer de fonctionner, les magasins sont ouverts…
Bravo à cette France que nous aimons, même si la Convention d’Aix en Provence est repoussée. Aimer la France avait été le thème choisi.
merci d’avoir si bien exprimé ce que fort heureusement nous sommes nombreux à ressentir! Corine
Absolument d’accord avec vous. En espérant une démocratie où nos élues et élus s’attachent aux valeurs de solidarité fermement. Ce sera sans doute un combat collectif, oui.
Merci à Mario pour ce texte plein d’humanité et de fraternité