Le 4 mars 1848, Alphonse de Lamartine nomma Victor Schoelcher, sous-secrétaire d’Etat chargé des colonies, président de la commission d’abolition de l’esclavage.
Pour Victor Schoelcher, c’était un combat de longue date. Un engagement humaniste qu’il avait embrassé depuis les années 1830, rythmé et nourri par ses nombreux voyages autour du monde.
Pour la France, héritière des Lumières, ce fut l’aboutissement d’un long travail d’éveil des consciences.
Un premier décret sur l’abolition de l’esclavage avait été adopté par la Convention en 1794 et les premiers esclaves affranchis devinrent alors citoyens français.
Partiellement appliqué au sein des colonies et vivement décrié par ceux pour qui l’esclavage représentait un fructueux négoce, ce décret fut cependant rendu caduque par la loi de 1802.
En deux siècles d’esclavagisme, près de 4 millions de vies humaines furent spoliées dans les territoires sous domination française. Des hommes, des femmes et des enfants.
Le décret du 27 avril 1848 est le fruit d’un combat acharné, un combat révolutionnaire qui libéra environ 250.000 esclaves.
Les Lumières avaient vaincu l’obscurantisme esclavagiste. Aux Etats-Unis, cette étape fut franchie dans le sang et la douleur, après quatre années d’une guerre de Sécession qui marqua profondément le pays.
En 2017, la question de la traite et de l’esclavage est loin d’être refermée.
Ces dernières années, des pas immenses ont été accomplis. La loi Taubira a permis la reconnaissance de ce qui fut un crime contre l’Humanité.
Dans les manuels scolaires, une place nouvelle est accordée à ces questions et les commémorations nationales leur ont fait la place qu’elles méritaient.
Un Musée de la traite et de l’esclavage, la demande de la LICRA et de nombreuses associations, verra le jour en métropole.
La route est encore longue pour que les identités cicatrisent cette plaie profonde. Elle est pourtant nécessaire pour éviter de livrer au communautarisme, à la surenchère identitaire et à la concurrence des mémoires ce qui doit être, pour l’avenir, une mémoire de réconciliation.