Dans le climat de terreur lié à la guerre d’Algérie et aux attentats commis par le FLN contre des policiers français, Maurice Papon, préfet de police de Paris impose, à l’issue d’un conseil interministériel tenu le 5 octobre 1961, un couvre-feu de fait aux Algériens de Paris qui doivent, selon les instructions de la police : “s’abstenir de circuler la nuit dans les rues de Paris et de la banlieue parisienne, et plus particulièrement entre 20 h 30 et 5 h 30 du matin ». Le 17 octobre, les associations algériennes de la capitale appellent à une manifestation pacifique pour dénoncer cette mesure les visant directement.
A l’issue de la manifestation, des centaines de morts et de blessés sont à dénombrer parmi les manifestants. La police a répondu aux injonctions criminelles de Papon qui, le 2 octobre, avait intimé à ses troupes un ordre qui ne souffrait pas d’équivoque : « pour un coup donné, nous en porterons dix ».
Le 17 octobre 1961 est un jour de honte pour notre pays. Ce jour-là, la loi du Talion a prévalu sur celle de la République. Ce jour-là, l’Etat a commis l’irréparable et s’est abaissé à la violence qu’il prétendait combattre.
La France perd toujours son âme quand elle s’écarte de sa tradition républicaine et qu’elle s’égare sur les chemins du déshonneur et de la vengeance.