Le 3 mai 1936 correspond, en France, à la victoire des formations de gauche aux élections législatives. Rassemblées dans un « front populaire », dans un contexte de fortes tensions politiques qui accompagnent les effets économiques et sociaux de la Grande dépression en France, le Parti communiste, le Parti socialiste SFIO et le Parti radical se sont accordés sur un programme commun de réformes que résume le slogan « Pain, Paix, Liberté ». Cette victoire conduit à la formation du premier gouvernement dirigé par un socialiste en la personne de Léon Blum.
De parents juifs, lui-même agnostique, Léon Blum est de longue date la cible d’attaques antisémites de la part de la presse d’extrême droite. Il est ainsi régulièrement injurié par L’Action française, que dirigent Charles Maurras et Léon Daudet. La haine que cet « hybride ethnique et hermaphrodite » (Daudet dans L’Action française, 2 septembre 1933) inspire lui vaut d’être violemment agressé, le 13 février 1936, boulevard Saint-Germain (Paris), par des militants royalistes, aux cris de « Au poteau Blum ! ».
Les années 1930 sont souvent considérées comme celles d’une forte résurgence de l’antisémitisme. La victoire des forces de gauche et la nomination de Léon Blum à la tête du gouvernement de Front populaire correspondent précisément à un moment de cristallisation des haines, qui engendre des manifestations antijuives débridées. Le 15 mai 1936, Charles Maurras écrit dans son journal : « C’est en tant que juif qu’il faut voir, concevoir, entendre, combattre et abattre le Blum. Ce dernier verbe paraîtra un peu fort de café : je me hâte d’ajouter qu’il ne faudra abattre physiquement Blum que le jour où sa politique nous aura amené la guerre impie qu’il rêve contre nos compagnons d’armes italiens. » Cette provocation au meurtre vaut à son auteur d’être condamné à de la prison ferme, en juillet 1936. Elle n’est cependant qu’une des innombrables manifestations de haine qui ponctuent ces années d’avant-guerre et résonnent sinistrement avec la propagande hitlérienne alors diffusée sur le territoire français.
Le 15 mai 1936, Léon Blum prononce au Cercle interallié des paroles de reconnaissance à l’égard de la France de 1789, émancipatrice : « Je ne me suis jamais targué, mais je ne me suis jamais caché non plus d’appartenir à une race qui a dû à la Révolution française la liberté et l’égalité des hommes et qui ne devrait jamais l’oublier. » Elles sont perçues comme une provocation, un « appel à Israël », par ceux qui ne digèrent pas l’accession aux fonctions de président du Conseil d’un individu qui incarne le vieux fantasme du « complot judéo-bolchévique ». Le jour de l’intronisation du gouvernement Blum à la Chambre des députés, le 6 juin, Xavier Vallat provoque un scandale en déclarant que « pour la première fois, ce vieux pays gallo-romain sera gouverné par un juif ».
Les différents gouvernements de Front populaire qui se succèdent n’iront toutefois pas au-delà de la dissolution des ligues d’extrême droite, décidée en juin 1936, une mesure qui n’empêche pas la reformation desdits groupements et la libre parution de leurs organes.
Durant les deux gouvernements qu’il dirige (juin 1936-juin 1937 ; mars-avril 1938), Léon Blum, prudent, se sera toujours gardé de sévir contre l’antisémitisme, malgré les appels répétés à réprimer judiciairement le racisme et l’antisémitisme. La « loi Marchandeau », contre l’injure et la diffamation raciales, ne sera adoptée que le 21 avril 1939, sous Édouard Daladier, bien après le délitement du Front populaire.
Le Front populaire, c’était la vraie gauche (par opposition à tous les partis qui depuis 40 ans se prétendent de gauche et qui incarnent en réalité la négation de TOUTES les valeurs de gauche).
En 1936 la vraie gauche c’était le Front Populaire. En 2020 aussi.
Remarquable interview de Michel Onfray sur Thinkerview, qui montre bien que le vrai visage de la gauche en France, c’est lui, et que le populisme et l’extrémisme se situent dans le camp de ses ennemis (Le Monde, L’Obs, Libé etc…).