Dès le lendemain, le maquis est pris et la Résistance est défaite. Près de 150 maquisards sont tués dans la bataille, morts au combat, fusillés sur place ou déportés.
Depuis le début de la Seconde Guerre Mondiale, le plateau des Glières, proche de la Suisse voisine, niché dans le massif des Bornes à près de 1500 mètres d’altitude entre la montagne des Auges, la crête des Ovines et la montagne des Frêtes, a offert un refuge aux juifs fuyant les persécutions, aux partisans de la Résistance, nourris à partir de 1943 par les réfractaires au Service du Travail Obligatoire, devenant, aux dires mêmes des autorités de Vichy, « un des foyers d’insécurité » les plus actifs de France. En 1943, 177 attentats sont répertoriés dans le département par le Préfet qui s’alarme auprès du Gouvernement d’un climat de « pré-guerre civile ». Au début de l’année 1944, Vichy met la Haute-Savoie en état de siège alors que le maquis agrège des soldats de l’Armée secrète et des Franc-tireurs et partisans (FTP). Devant l’échec des actions menées par les gardes-mobiles et les miliciens français, les Allemands décident de passer à l’attaque et de réduire cette poche de Résistance.
Comme le rappelle le Résistant Jean-Louis Crémieux-Brilhac, « avec ses héros chevaleresques, ses jeunes rebelles, ses Espagnols rouges, ses juifs, son ambiance enthousiaste, sa noble cause », la bataille des Glières a été « une défaite des armes mais une victoire des âmes ». Pour la première fois depuis l’armistice de 1940 est livrée sur le sol national une bataille rangée avec l’Occupant qui va être exaltée par Radio Londres pour préparer les Français à l’idée qu’ils devraient participer, le moment venu, à leur propre Libération et honorer la devise du Maquis des Glières empruntée par le lieutenant Tom Morel à la Révolution française, gravée au cœur du Panthéon et partagée par les abolitionnistes antillais : « Vivre libre ou mourir ».