Le 21 juin 1973, l’organisation d’extrême droite Ordre nouveau organisa un meeting salle de la Mutualité, à Paris, sur le thème « Halte à l’immigration sauvage ». Une contre-manifestation fut immédiatement mise sur pied par neuf groupes d’extrême gauche avec comme slogan : « Meeting fasciste, meeting interdit ».
Les autorités, alertées par les risques d’affrontement, interdirent la contre-manifestation, sans pouvoir empêcher toutefois la montée des tensions, en début de la soirée, quartier Maubert, entre plusieurs milliers de manifestants antifascistes et la police.
Ordre nouveau était un groupement néofasciste français, actif entre 1969 et 1973. Il était issu du mouvement Occident. Ce dernier avait été créé par la Fédération des étudiants nationalistes (FEN), constituée d’anciens militants de Jeune Nation, un groupe d’extrême droite qui comptait en son sein des membres de l’Organisation de l’armée secrète (OAS).
L’objectif affiché d’Ordre nouveau était de constituer la base d’un futur parti politique ayant vocation à rassembler l’opposition nationaliste de droite, en jouant pleinement le jeu des institutions démocratiques et en participant aux élections. Au cours de son deuxième congrès, les 10 et 11 juin 1972, le mouvement mit en pratique cette stratégie, en adoptant une résolution qui donna naissance au Front national, avec comme horizon les élections législatives de mars 1973. Le FN servit de vitrine électorale à Ordre Nouveau.
Le meeting de juin 1973 ouvrit le débat sur la question de savoir s’il était normal que la police et donc l’État protège la réunion d’une organisation d’extrême droite à caractère ouvertement xénophobe et raciste. L’opinion était divisée entre ceux qui accusaient d’un côté la police d’être de connivence avec l’extrême droite et ceux qui furent choqués par la violence contre les forces d’ordre qui se déroula ce soir-là. La Cause du Peuple, journal d’extrême gauche, donnait ainsi à lire que les forces de l’ordre étaient « la garde d’honneur d’Ordre nouveau ». La LICRA, le MRAP, la CGT et la CFDT accusèrent les pouvoirs publics de ne pas avoir interdit ce meeting « à caractère raciste évident ». Par ailleurs, le Front National et ses alliés dénoncèrent les antifascistes, qui selon eux étaient des groupes criminels responsables de la violence contre la police.
À la suite des événements, la tension persista avec Ordre Nouveau qui poursuivait ses meetings en province, à Marseille et Saint-Étienne, alors que la Ligue communiste appelait toutes les organisations antifascistes à participer à une réunion à la Cartoucherie de Vincennes.
Le Conseil des ministres décida finalement, le 28 juin, la dissolution d’Ordre nouveau, mais également de la Ligue communiste, ce qui ne fut pas sans susciter des protestations à gauche en raison de l’équivalence de fait posée entre l’extrême gauche et l’extrême droite…