Le 19 avril ne commémore pas une fin tragique, mais le début d’une lutte héroïque, celle de la révolte du Ghetto de Varsovie.
Depuis le 22 juillet 1942, les nazis procédaient à la déportation des juifs vers Treblinka. De 450 000 personnes dans le ghetto, la population était tombée à 50 000 environ début 1943.Le 18 janvier de cette même année, deux organisations de jeunes, l’Organisation juive de combat et l’Union militaire juive s’opposent à une nouvelle vague de déportations. Avec des armes fournies par la Résistance polonaise et des cocktails molotov, ils mettent en échec les forces de Krüger, le représentant personnel de Himmler en Pologne. Les nazis suspendent les déportation et préparent une riposte.Le 19 avril 1943, donc, les SS entrent dans le ghetto avec l’intention de le maîtrise en trois jours. Moins de 900 combattants juifs, âgés de 13 à 24 ans, luttent pendant un mois contre des chars, des lance-flammes et plus de 2 000 policiers et SS. 13 000 personnes vivant dans le ghetto ont été tuées, brûlés vives ou gazées. Les survivants ont péri principalement à Treblinka et à Majdanek.Le rapport de forces interdisait aux révoltés le succès des armes, mais ils ont remporté, au prix de leur vie, la plus éclatante victoire qui se puisse imaginer. La déclaration est connue, mais il faut en rappeler sans arrêt la force. C’est celle de Mark Edelman, qui avait alors 24 ans, et qui fut, avec par Mordechaj Anielewicz, Pawel Frenkel et Dawid Moryc Apfelbaum, l’un des chefs du soulèvement, et le seul rescapé :
« Nous ne nous battons pas pour sauver notre vie. Personne ne sortira vivant d’ici. Nous voulons sauver la dignité humaine. » – Arie Wilner
Ils ont réussi*. Les occasions de sauver la dignité humaine sont fréquentes. N’attendons-pas des événements dramatiques pour nous efforcer, en toute circonstance, de les saisir.
*A lire : Samuel Kassow, Qui écrira notre histoire ?, Flammarion, Champs Histoire, 2013.