Le 16 avril 1995, la police pakistanaise retrouve le corps inanimé d’un enfant de 12 ans. Ce corps, c’est celui d’Iqbal MASIH, mystérieusement abattu. La police locale conclut son enquête sur une simple querelle avec un paysan local qui aurait mal tourné.
Une enfance servile
Le petit Iqbal n’a que 4 ans en 1987 lorsque ses parents décident, moyennant un peu d’argent, de le vendre, pour éponger les dettes du mariage de son frère. Iqbal rejoint alors les rangs des enfants esclaves, martyrisés et exploités pour leurs petites mains habiles par l’industrie du Pakistan.
D’abord sous les ordres d’une fabrique de briques, enchaîné, il est transféré dans un atelier de tisserands où son labeur ne dure pas moins de 12h chaque jour.
Mort d’un martyr
En 1992, à l’âge de 9 ans, lui et ses camarades d’infortune réussissent à s’échapper des griffes de la manufacture et croisent le chemin d’un avocat, Eshan Ullah Khan, président d’une association, le Front de libération contre le travail forcé des enfants (BLLF), qui leur permettra de retrouver la voie de la liberté. En 1993, Iqbal s’engage et devient un porte parole dont les mots vont frapper la conscience et l’opinion internationale :
Figure de proue de la lutte pour la liberté des enfants esclaves, Iqbal parcoure le monde pour faire entendre le cri de ces petits suppliciés, prononce de nombreux discours pour témoigner de son histoire et promet de devenir avocat pour poursuivre son combat à l’âge adulte. Les caméras se braquent sur le Pakistan qui ferme des dizaines de fabriques de tapis et libère ainsi plus de 3000 enfants esclaves.
Iqbal, devenu embarrassant pour cette industrie qui l’avait réduit en esclave, ne vivra pas assez longtemps pour poursuivre les études de droit dont il rêvait. Il est abattu dans son village dans des circonstances troubles lors d’une balade à vélo avec ses amis.
Il a reçu à titre posthume en 2000 le World’s Children’s Prize for the Rights of the Child et le Congrès des États-Unis a créé un prix annuel, le Prix Iqbal Masih pour l’éradication du travail des enfant.
Et pour ne jamais oublier, la ville de Saint-Denis a inauguré en sa mémoire en 1998 le collège Iqbal Masih.