Jeudi 15 décembre 2016, le cinéaste Radu Mihaileanu a reçu des mains d’Audrey Azoulay, Ministre de la Culture, Alain Jakubowicz, Président de la LICRA et Martine Benayoun, présidente du jury, le Prix Jean Pierre-Bloch décerné chaque année depuis 2012 « un artiste et son oeuvre » dans son rapport aux droits de l’Homme.
Les films phares de Radu Mihaileanu
Discours de Remerciements de Radu Mihaileinu
« Le combat contre le racisme est un combat culturel », par Alain Jakubowicz
De quoi le prix Jean Pierre-Bloch est-il le nom ?
Créé en 2012, il est dédié à une personnalité qui a compté et qui compte encore aujourd’hui dans la lutte contre le racisme et l’antisémitisme : celle de Jean Pierre-Bloch. Evoquer sa mémoire, c’est rendre hommage à trois vertus qui, à la LICRA, sont les moteurs de notre engagement quotidien.(…)
La lutte contre le racisme et l’antisémitisme est un combat culturel. Evidemment, nous devons veiller, et nous le faisons, à ce que racistes et antisémites soient jugés et condamnés comme tels et à ce que leurs victimes obtiennent assistance et réparation.
Mais notre vrai rôle, notre rôle profond, note rôle ultime, c’est de mener la bataille culturelle et fraternelle contre la prolifération de la haine et du rejet de l’autre. Nous ne viendrons pas à bout des extrémismes politiques et religieux uniquement avec des procès. Ils sont nécessaires et mêmes indispensables mais ils ne sont pas suffisants. La lutte contre le racisme et l’antisémitisme se gagne dans les têtes et dans les consciences. C’est avant tout un travail de conviction.
Ce travail, Radu Mihaileanu le mène à sa manière, dans ses films. Son œuvre respire la fraternité, l’optimisme et l’humour. Elle est une invitation à l’ouverture et à la capacité, présente en chacun de nous, de vivre avec la différence de l’autre. Elle permet, pour reprendre les mots de Camus, «de désintoxiquer les esprits et d’apaiser les fanatismes ».
La culture est une arme de destruction massive du racisme et de l’antisémitisme. La preuve en est que tous les extrémismes, politiques et religieux, ont fait d’elle un ennemi permanent. Dans les villes gérées par l’extrême-droite, nous voyons le retour de la censure, la volonté de contrôler les artistes, de les sélectionner selon des critères politiques et idéologiques. L’islam politique, lui, n’est pas en reste et exècre la liberté artistique au point de l’interdire, de l’empêcher et de la détruire.
Dans les films de Radu Mihaileanu, un thème récurrent tient une place centrale : c’est celui de l’exil. Il en connaît le prix, ayant dû quitter la Roumanie pour échapper à la dictature, avant de rejoindre Israël puis la France.
A un moment de notre histoire où des réfugiés frappent à notre porte et où nous avons le devoir de leur répondre, sa vie et son message de tolérance sont précieux pour expliquer, chaque jour, que la France doit persister dans la voie qui fut toujours la sienne : celle d’un pays d’accueil des populations opprimées où l’exil, pour reprendre ses propres mots, permet de « s’adapter sans se trahir ».
Ne pas le faire, ce serait renoncer à ce que nous sommes, à l’héritage des Lumières et de la Révolution Française qui a gravé au fronton de nos mairies et montré à la face du monde ce que signifie l’universalité des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité.”
L’intégralité du discours : Discours d’Alain Jakubowicz
Discours de Martine Benayoun, présidente du Jury, Vice présidente de la LICRA
Les lauréats du Prix JPB sont des artistes engagés, qui s’attachent à des thèmes forts comme l’intolérance, le racisme, le droit à la dignité des êtres humains. Ils sont des passeurs de mémoire, ils sont des passeurs d’histoires aussi, à travers leur art auquel ils se donnent éperdument, passionnément, intensément et parfois follement…
Cette année le Prix Jean Pierre-Bloch est décerné au cinéaste et réalisateur Radu Mihaileanu. Le cinéaste qui donne à voir, à penser, à réfléchir, à rire, à sourire, parfois à se ressaisir. Mais il ne me revient pas ce soir d’évoquer la personnalité, le parcours, la vie, l’œuvre, les combats de Radu Mihaileanu même si je serais très tentée de le faire. J’ai vu tous ses films, j’ai un faible pour “Va vis et deviens”, je suis de très près ses engagements notamment en faveur de la liberté d’expression et des droits de l’homme, son combat pour la construction de la démocratie par la diversité de la culture et de l’éducation, bref… Je pourrais continuer… Mais je m’arrête parce que…
Cela revient à notre Ministre de la Culture, Madame Audrey Azoulay de le faire. Et c’est bien normal, bien légitime, en votre qualité de Ministre de la culture tout d’abord, mais aussi parce que vous connaissez infiniment bien et mieux que nous à la Licra, le monde du cinéma, les artistes, les acteurs/actrices, les réalisateurs/Réalisatrices. Et en particulier notre lauréat 2016, Radu Mihaileanu.
Intégralité du discours de Martine Benayoun