Il y avait plus de 200 participants, ONG diverses, politiques, universitaires (essentiellement des représentants des sciences sociales, sociologues, historiens, économistes, psychologues…). Les invités venaient de plusieurs pays européens, Allemagne, Autriche, Bénélux, Italie, Europe centrale, pays scandinaves, pour débattre en allemand ou en anglais. Nous étions les seuls Français (à l’exception d’une conférencière ancienne conseillère de l’UMP, venue parler du FN, en des termes que nous aurions pu souhaiter moins complaisants – dans le genre le FN pose de bonnes questions en apportant de mauvaises réponses. Nous pensons à la Licra, depuis des décennies, que les questions elles-mêmes sont démagogiques, et souvent inadmissibles). Je ne peux résumer tout ce qui s’est dit en deux jours d’une grande densité. Un état d’esprit cependant : il s’agissait de renouveler, avant les élections européennes, la confiance que nous pouvons placer dans l’Europe et ses institutions, sur fond de référence aux Droits de l’Homme.
Le racisme et l’antisémitisme, accompagnant la montée de populisme et de mouvements d’extrême-droite (considérés dans leurs traits communs et dans leurs traits particuliers dans divers pays européens) furent des paramètres importants des débats (à cet égard la France occupa une place hélas centrale dans les débats – Marine Le Pen avait l’honneur de la photo de couverture du fascicule de présentation du colloque.) De ce fait les interventions du représentant de la France qui se trouvait être celui de la Licra étaient attendues et furent écoutées avec intérêt. Le colloque enfin se termina par une table ronde comprenant des politiques de divers bords (Linke, SPD, FDP, CSU, AfD. Je me suis demandé toutefois, à l’instar de beaucoup de participants, ce que faisait là le représentant de ce nouveau parti, l’AfD, Alternative für Deutschland, Alternative pour l’Allemagne, créé en 2013, sur la base d’un euroscepticisme de principe et d’une sympathie affichée pour les thèmes populistes, voire les mouvements d’extrême-droite, et dont les propos se situaient à droite et même très à la droite de ceux du représentant de la CSU). Cette anomalie mise à part, les propos étaient en gros ceux que nous pouvons entendre en France, avec cependant la différence que les échanges étaient bien plus feutrés, et même si j’ose dire, civilisés, sans cette atmosphère de guerre civile qu’on a fréquemment dans les débats français.
Ma conclusion pour la Licra tiendra en deux remarques : l’intérêt en soi de ce type de manifestation, pour son thème, pour le fait également d’entrer en contact avec beaucoup de gens (nous avons envisagé la possibilité de nouer un partenariat avec la BPB, à nous de donner suite). La deuxième remarque est cette singularité hélas très française : j’étais le seul Français présent, sur plus de 200 participants, pour des raisons sur lesquelles il faudrait sans doute s’interroger, alors que l’exception française en l’occurrence se faisait tristement remarquer par l’importance de la référence au FN (lequel apportera sans doute le plus de voix extrémistes au parlement européen) : il est à mon sens urgent donc que nous honorions davantage de notre présence ce type de manifestation, où nous avons à faire entendre la voix de la Licra.