Le 17 décembre dernier, la ville de Vaulx-en-Velin fêtait le premier anniversaire de son Plan territorial de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations. Ici comme dans beaucoup de villes en France, les tensions liées aux origines sont sensibles. La tentation du rejet ou de l’enfermement est fréquente. Il nous faut la nommer, identifier le racisme, l’antisémitisme et les discriminations. C’est la raison pour laquelle la ville et de nombreux partenaires (l’Etat, la région, le Défenseur des droits, la Licra, le Campus Marianne, l’ARCAD , Foot Citoyen) ont co-signé le plan.
Identifier les actes racistes, antisémites ou discriminatoires vécus sur le territoire, établir un programme d’actions contribuant autant à la prévention qu’à la lutte, tels sont les objectifs à atteindre. Plusieurs d’entre eux ont déjà été mis en place au cours de l’année.
“Lors des multiples débats qui se sont déroulés en divers lieux, les Vaudais avaient besoin de s’exprimer sur ces sujets”, note Ahmed Chekhab, adjoint délégué à la Citoyenneté par le sport, la culture et la vie associative. La discrimination existe. « A l’embauche, avant un stage ou à l’entrée d’une boîte de nuit, cela devient une normalité qu’il faut endiguer”, constate l’élu. « Avoir pu donner la parole et voir qu’elle fut prise, c’est un premier succès », ajoute-t-il. « Depuis le 13 novembre, le plan a encore plus de sens », relève Ahmed Chekhab, pour qui élus et collectivités ont « beaucoup plus de responsabilités ».
Faire vivre la laïcité́. « La liberté́ de croire ou de ne pas croire, c’est cela la beauté de la République. Les citoyens sont démunis or nous élus, avons le devoir de faire en sorte que quelles que soient leurs différences, les gens se connaissent et se reconnaissent », conclut-il.
Pour Alain Blum, président de la Licra Rhône-Alpes, « le contexte actuel nécessite une réaction collective et la mise en place de programmes ambitieux dans les territoires face aux crispations identitaires auxquelles nous sommes confrontés. Il a salué le courage politique d’Hélène Geoffroy, la maire de Vaulx-en-Velin, qui avec ce plan a souhaité combattre le racisme et de l’antisémitisme. Il a souhaité que d’autres collectivités suivent l’exemple de Vaulx-en-Velin et s’emparent à bras le corps de ces sujets avec une prise en compte de la complexité des racismes ».
Pour Gilles Clavreul, Délégué interministériel de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme « le racisme prospère dans le silence et le non-dit. La première étape est de briser ce silence et de prendre le risque de la confrontation. Depuis quelques années, le religieux s’invite davantage dans le débat public. Ce qui impose de briser les tabous, de former les personnes qui se retrouvent en première ligne sur le terrain et de les accompagner à réaliser des outils qui apportent des réponses notamment dans les champs de la laïcité et du vivre ensemble.
La Maire de Vaulx-en-Velin souligne que l’action politique peut paraitre lente mais le tout de suite n’existe pas. C’est pourquoi, il est nécessaire de l’expliquer à la jeune génération et aux habitants afin qu’il y ait une prise de conscience collective du long chemin qu’il reste à effectuer avant le grand changement. L’objectif poursuivi avec ce plan est de susciter volonté et capacité d’œuvre pour connaitre l’autre et partager. C’est un cadre qui permet à chaque Vaudais d’être acteur et promoteur du vivre ensemble sur le territoire communal. Le plan vaudais s’est traduit par une prise de conscience de la population sur le sens à donner aux commémorations patriotiques (centenaires de la guerre 1914- 18 et du génocide arménien, 70e anniversaire de la libération des camps nazis,…). “Outre des passages de relais de la mémoire entre gé- nérations, ce sont des temps de rassemblement et d’échanges entre Vaudais”, insiste la députée-maire qui y voit des “actes de fraternité”. Enfin, l’audit mené par Foot-citoyen au sein des clubs vaudais, ou bien encore la prochaine ouverture d’une permanence du délégué territorial du Défenseur des droits, sont d’autres initiatives dues au plan de lutte territorial.
D’ores et déjà ce plan a ouvert des possibles. En se dotant d’outils pour débattre, pour découvrir, il permet de passer de la confrontation à l’échange, de l’ignorance à la connaissance, de l’indifférence à la compréhension.
Nathalie Rosell
En savoir plus sur le site de la ville de Vaulx-en-Velin
La LICRA accompagne les collectivités qui souhaitent s’inscrire dans des démarches similaires de lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Pour plus de renseignement, merci de nous contacter Nathalie Rosell (nrosell (@) licra point org)