Vendredi 20 janvier 2017. Bastia. Stade Furiani. Le FC Bastia accueille l’OGC Nice pour la 21ème journée de la Ligue 1 de Football.
A l’issue de la rencontre, l’attaquant italien du club azuréen Mario Balotelli pousse un coup de gueule sur Instagram : « Est-ce normal que des supporters de Bastia fassent des bruits de singe et des ‘uh uh’ pendant tout le match ? ».
Le lendemain, la chaîne BeInSports diffuse les images de l’échauffement du match sur lesquelles on voit plusieurs supporters du club corse pousser des cris de primates à l’attention de Mario Balotelli.
La réaction des dirigeants du FC Bastia était donc attendue et n’a pas déçu à la faveur d’un communiqué qui réussit la prouesse de ne pas laisser apparaître une seule fois le mot « racisme » et de condamner sans gène aucune « une stigmatisation en règle » du club et du public de Furiani.
Tout juste n’ont-ils pas eu l’audace d’adresser une demandes d’excuses à Mario Balotelli pour son attitude hostile à l’égard de ceux qui le « singeaient ».
La Ligue de Football Professionnel a pour sa part réagi énergiquement dès la diffusion des images et saisi les instances disciplinaires.
Le 23 février, le FC Bastia est sanctionné par le retrait d’un point avec sursis ainsi que la fermeture de la tribune Est d’où son partis les cris racistes pendant trois matches.
Si ces incidents sont le fait d’une minorité – ce dont chacun convient – ils ne doivent jamais rester sans réponse. Rien ne serait pire que le relativisme qui conduit à la banalisation puis à la libération de la parole haineuse. Le sport est un lieu de plaisir et d’émancipation.
Les stades sont remplis de familles, d’hommes, de femmes et d’enfants qui n’ont pas à supporter, fût-ce un instant seulement, la vision de ces veuleries racistes.
Si les fautes sont individuelles, la responsabilité qu’elles invoquent, elle, est collective.
Sans hésiter, la LICRA s’est constituée partie civile et était représentée par Me Adrien Verrier. Lundi avait donc lieu l’audience du jugement d’un supporter identifiée par la vidéo.
Ce dernier a ainsi prétendu ne plus se souvenir d’avoir tenu de tels propos à l’encontre du joueur. Ajoutant qu’il n’était pas raciste puisque si Mario Balotelli avait été roux, il l’aurait « probablement traité de sale roux qui pue ».
Le club de Bastia a persisté dans son ambiguïté. Choisissant le silence et l’absence alors qu’il avait annoncé être sur le banc des parties civiles.
Pour « incitation à la haine raciale », le prévenu sera finalement condamné à une peine de deux mois de prison avec sursis assortie d’un interdiction de stade de 18 mois ainsi que d’une amende de 1000 €.
A l’avenir, aucun match ne doit pouvoir se tenir raisonnablement si des incidents de cette nature ont lieu. La LICRA ne relâchera pas sa vigilance. Et elle ne transigera jamais avec ceux qui veulent souiller le sport avec la haine. Leur place n’est pas au stade. Elle est au tribunal.