Par Rachel Lindon
Membre du Bureau exécutif de la LICRA, déléguée aux réfugiés
La guerre et le terrorisme ont mis sur les routes d’Europe et les bateaux de Méditerranée des centaines de milliers de réfugiés à la recherche d’un pays d’accueil. Aujourd’hui, nous devons faire face à la plus grande crise migratoire depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Venus de Syrie, d’Irak, de Libye, d’Erythrée, de Somalie, du Soudan, ces populations, au péril de leur vie, veulent échapper au chaos.
Offrir l’asile aux victimes de persécutions a toujours été la marque des civilisations marquées par une certaine idée de l’Homme. Depuis 1793, la France a inscrit dans sa loi le principe du droit d’asile et a constamment ouvert sa porte à ceux qui, contraints à l’exil, lui demandaient refuge.
Notre pays peut s’enorgueillir d’avoir accueilli les arméniens fuyant le génocide, les juifs d’Europe centrale victimes des pogroms et de la montée du nazisme, les italiens chassés par le fascisme, les espagnols persécutés par le franquisme, les portugais opprimés par Salazar, les Chiliens échappant au régime de Pinochet, les Boat People poussés à l’exode par la dictature communiste, les Afghans envahis par les soviétiques et asservis par les Talibans.
Le débat qui règne actuellement dans notre pays sur l’opportunité, ou non, de leur tendre la main est indigne de notre Histoire et des valeurs universelles proclamées par la République. D’aucuns entretiennent volontairement la confusion entre migrants et réfugiés, laissant entendre que la majorité des ressortissants étrangers arrivant actuellement sur notre sol ne seraient pas éligibles au droit d’asile. Pourtant, comme la presse l’a montré cette semaine, 70% des personnes présentes à Calais est éligible à ce droit.
Accueillir les réfugiés n’est ni un fardeau, ni une invasion, ni une honte. Dans les circonstances actuelles, la France ne doit pas manquer à ses engagements et à ses valeurs. Accueillir les réfugiés est non seulement une obligation juridique : c’est un devoir et un honneur. Plus que jamais, la France doit redevenir le havre de paix et de fraternité qu’elle a toujours su être.