Huit mois après l’élection du président Hassan Rohani, l’heure est à l’optimisme quand on évoque l’Iran. En mai prochain, la communauté internationale rédigera un traité d’entente nucléaire, mettant ainsi un terme aux velléités iraniennes de constituer un arsenal nucléaire. L’Iran ayant respecté jusqu’ici ses engagements dans le domaine, certaines des sanctions économiques touchant le pays sont d’ores et déjà suspendues. Cette détente dissimule aujourd’hui la dégradation manifeste des droits de l’homme qui a lieu parallèlement dans le pays. En effet, si Hassan Rohani montre plus de modération que son prédécesseur sur le plan international, il n’en est rien au niveau du respect des libertés individuelles. En 2013, l’Etat a fait mener 687 exécutions (contre 314 en 2012) et, uniquement depuis le 1er janvier 2014, 176 personnes ont été pendues.
Une religion réçente, une foi universaliste
Parmi les plus touchés par ces persécutions figurent les membres d’une communauté mal connue en France : les bahá’ís. Au nombre de 350 000 en Iran, ils forment la première minorité religieuse du pays. Si les juifs, les chrétiens et zoroastriens sont reconnus par la Constitution islamique, il n’en est rien des bahá’ís, qui sont totalement exclus de la vie du pays. Sans aucun droit civil, ils n’ont accès ni à l’université, ni à la fonction publique, ni au logement ou à la propriété. Privés de la possibilité de se réunir ou simplement d’être inhumés dignement, les bahá’ís ne peuvent mener une existence normale en Iran. Aujourd’hui, la situation est devenue plus critique encore : inlassablement, via des campagnes médiatiques quasi obsessionnelles, le pouvoir en place en Iran décrit les bahá’ís comme une secte déviante aux accents satanistes, s’employant à détourner les musulmans de la vraie foi, et répète sans relâche que les bahá’ís sont à la solde des puissances occidentales et des sionistes, en vue de déstabiliser le régime des ayatollahs.
Un appel au dialogue et au respect des droits de l’Homme
Dans les faits, les grands axes de la foi bahá’íe sont en complète antinomie avec les principes du gouvernement iranien. En tout premier lieu parce que les bahá’ís sont animés par des mobiles universalistes, explique leur porte-parole en France, Sophie Ménard : « Profondément pacifistes, promouvant l’éducation pour tous, ils ont pour objectif de travailler à l’unité de l’humanité, sans rejet des diversités, dans le respect de toutes cultures, des religions et de la justice sociale. Ils prônent une totale égalité entre hommes et femmes ». Leur foi leur interdit de se positionner en tant qu’opposants ou même de choisir l’exil pour échapper aux persécutions, puisqu’ils doivent servir les autres et perpétuer, coûte que coûte, le dialogue avec les autorités en place en vue d’améliorer les conditions de vie de leur pays. C’est ainsi que, du fond de leur prison, sept responsables bahá’ís ont écrit au président Rohani afin de participer, en décembre dernier, à la très officielle « consultation générale portant sur les droits et les responsabilités des citoyens ». A cette demande de dialogue répondent répression et terreur « Il y a aujourd’hui trois fois plus de bahá’ís en prison que début 2012. Ils sont au moins 136, dont le plus âgé a 81 ans », rappelle Sophie Ménard. Evoquer ces bahá’ís trop souvent oubliés est un premier pas face à un régime qui met tout en oeuvre, inlassablement, pour les persécuter. La pression internationale, qui est en passe de fonctionner quant à l’armement nucléaire, peut aussi être opérante en matière de droits de l’homme : le généreux pari de l’unité de l’humanité