Il faut d’autant plus y aller que nous aurions très bien pu, si la Mairie avait basculé du côté du Front National, ne pas y aller ; nous aurions, dans ce cas-là, boycotté ce qui n’aurait plus eu du Festival qu’un nom d’emprunt, ou qu’une activité sursitaire ! Alors oui, nous sommes en Avignon pour fêter cette belle victoire des forces républicaines qui n’ont pas permis de donner les clés de la ville à des factieux dont tous les dérapages racistes ne font que réaffirmer ce que nous savons du parti des Le Pen.
Ce n’est pas un parti comme les autres, et ce n’est pas parce qu’il a « droit de cité » qu’il faut, avec lui, faire usage de bonnes manières : il n’y a pas d’entente possible. La culture cesse d’être le vecteur de notre humanisation quand elle passe aux mains d’un parti d’extrême droite comme le FN… Réjouissons-nous donc d’être là, de pouvoir aller au théâtre, de choisir les pièces qu’aujourd’hui comme tous les jours nous irons voir, que ce soit pour y rire, y pleurer, les critiquer ou en ressortir éblouis et grandis.
Le théâtre, redisons-le, est cet art de rendre sensible non seulement les passions les plus terribles comme les plus douces qui nous traversent, et ainsi de faire en sorte que nos idées aient du corps, qu’elles s’y inscrivent et s’y développent… Au théâtre on apporte son corps, on y rend visibles les fils invisibles qui nous traversent et nous relient au monde : c’est pour cela que nous devons veiller à ce que ne s’y glissent pas, en contrebande, des dénis, des incitations à la haine qui se feraient passer pour de la liberté d’expression. L’activité de représenter est une immense responsabilité : cultivons-la !