Retour sur l’histoire d’une injure raciste que certains tentent de réhabiliter.
A l’origine, « Bamboula » est une danse haïtienne qui doit son nom à un tambour africain et qui s’est répandue dans les colonies de Louisiane et de Saint-Domingue à partir du XVIIIe siècle. A la Nouvelle-Orléans, les populations d’esclaves se retrouvaient le soir autour de la place Congo, lieu du marché aux esclaves, pour danser « la bamboula ». Dans le langage courant, l’expression « faire la bamboula » est issue directement de cette histoire.
Mais c’est dans un passé plus récent que le mot « bamboula » a pris sa dimension pleinement raciste. Le 10 janvier 1914, les colonnes du Figaro évoquent la décision prise par les autorités belges d’interdire cette danse au Congo en raison du fait qu’elle serait un « obstacle insurmontable aux bienfaits de la civilisation ».
L’arrivée sur le sol français de troupes de tirailleurs sénégalais lors de la première guerre mondiale va achever de donner à « bamboula » le sens raciste qu’on lui connaît aujourd’hui. « Le mot renvoie alors à une imagerie alliant sauvagerie, cannibalisme, sexualité animale et rire, naïveté enfantine supposée des soldats noirs », souligne Marie Treps, linguiste spécialiste des injures racistes. Il s’agit alors de déshumaniser les soldats venus des colonies d’Afrique avant de les envoyer au front.
Dès lors, le « bamboula » désignera « le nègre » et peuplera l’univers des expositions coloniales. En 1938, Walt Disney publie même un « Mickey, roi de Bamboulie », achevant ainsi de banaliser le qualificatif.
Plus récemment, une marque de gâteaux « Bamboula » de la Biscuiterie Saint-Michel avait choisi pour mascotte un petit garçon noir vivant à Bambouland et était aller jusqu’à créer un « Village Bamboula » à Port-Saint-Père et dont la publicité évoquait un « zoo humain ». A la suite de plaintes pour atteinte à la dignité humaine, la marque disparaîtra au début des années 90.